Précieux agenda du général Boulanger, 1888, l’année durant laquelle il ébranla la IIIe République.

Boulanger Agenda 1888

 

Le général Boulanger par Nadar
Le général Boulanger par Nadar

[Général Georges Boulanger (1837-1891)]. Petit Souvenir. Paris, sans nom, 1888. Agenda miniature (7,8 x 5,5 cm), entièrement imprimé en rouge. Plein maroquin tabac, fermoir et garnitures en métal argenté ajourées d’une frise feuillagée, tranches à motif d’œil de paon sur fond d’or, tabis de soie brune, poche au contre-plat inférieur, étui à crayon en tissu brun.

Inscrit sur la page de garde : « Petit calpin ayant appartenu au Général Boulanger… avant son départ pour l’exil. // rue Dumont d’Urville 11bis Paris 1889 », son adresse à l’époque.

Boulanger Agenda 1888

Cet agenda miniature, en plus des prix des places de location des principaux théâtres et des prix des voitures de remise, contient les rendez-vous pour les déjeuners et les diners du 19 mai au 19 juillet. On compte parmi les convives des artistes, Carolus-Duran, Detaille, Falguières, Marquet de Vasselot (30 juin), ses amis politiques Dillon, puis Rochefort (9 juin) ainsi que Renan, la comtesse de Loynes, Xavier Feuillant, Jollivet, Naquet, Billing, Duchêne, Demery, Dubuisson ou encore « Le Comité ».

Boulanger Agenda 1888

Le général Boulanger avait été ministre de la Guerre en 1886 ; élu député du Nord en avril 1888, il devient le chef du camp nationaliste à la Chambre. A la tête de son mouvement, le « boulangisme », il mène alors une campagne vigoureuse contre le gouvernement. Il exige la révision de la Constitution et prône la dissolution de l’assemblée parlementaire. Le 12 juillet, il affronte le Président du Conseil Charles Floquet ; les deux hommes iront jusqu’à se battre en duel au cours duquel le général sera blessé. Ayant démissionné de sa charge de député, Boulanger se fera à nouveau plébisciter à l’occasion de nouvelles élections partielles. Dans le pays, l’agitation est à son comble. Le gouvernement réagit en dénonçant le « complot boulangiste », et lance un mandat d’arrêt contre le général, en avril 1889. Boulanger s’exile alors à Bruxelles dès avril. Le 14 août 1889, le Sénat réuni en Haute Cour de justice le condamne par contumace avec Rochefort et le comte Dillon à la « déportation dans une enceinte fortifiée ». Le mouvement qu’il a incarné se met à refluer avec rapidité ; les élections législatives de septembre 1889 ne lui sont pas favorables. Boulanger mourra en Belgique en septembre 1891 : bouleversé par la disparition de sa maîtresse décédée d’une phtisie, il se suicidera sur sa tombe, en amant inconsolable…

Ce calepin « politique et gourmand » nous plonge dans les intrigues d’une année cruciale pour le général Boulanger et la IIIe République.

Précieux document historique.

1 500 €