Léon Hayard. Bande dessinée antimaçonnique aux relents antisémites.

Hayard affiche antimaçonnique

 

Hayard affiche antimaçonnique

 

[Léon Hayard]. Le Grand Secret de la Franc-Maçonnerie. L’art et la manière d’être élu Député. Méthode brevetée avec garantie et estampille du Gouvernement. Initiation pour être Apprenti, Compagnon, Maître, Rose-Croix et Kadosch. Paris, Léon Hayard, sans date [ca. 1902]. Affiche de 76 x 56 cm. Impression en bleu.

Rare affiche parodique de Napoléon Hayard, dit Léon Hayard (1850-1903), l’éditeur surnommé « l’empereur des camelots ». Son fonds de commerce est constitué de pamphlets politiques (dont des testaments et nécrologies parodiques) et de caricatures. A l’occasion de l’affaire Dreyfus, il diffuse des publications antidreyfusardes et antisémites. Hayard était lui-même un antisémite virulent. Il a ainsi été arrêté le 25 mai 1892 près de la synagogue de la Victoire pour avoir crié « Sales Youtres ! » et « Vive Drumont ! » à l’encontre des personnes invitées au mariage d’Emmanuel Leonino avec Juliette de Rothschild, fille de Gustave de Rothschild.

Hayard affiche antimaçonnique

Encadrées de symboles maçonniques funèbres, 28 scènes caricaturales légendées narrent le parcours maçonnique de Poilopattes qui ambitionne de devenir député.

Hayard affiche antimaçonnique

« POILOPATTES voulant devenir député, se décide à se faire recevoir frère trois-points / Il va trouver un juif du Grand-Orient et verse la forte somme. / On l’invite à entrer dans le cabinet des réflexions en attendant le cabinet ministériel. / Il s’y trouve en face du crâne de sa belle-mère. / Un frère rapporte le testament par lequel Poilopattes lègue au Grand-Orient les biens des Congrégations qu’il pourra confisquer. / Le futur député se présente en tenue réglementaire et demande la lumière. / Poilopattes apprend le moyen de passer à travers les lois qui gênent. / Il subit sans frayeur les épreuves du fer et du feu. /

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Profane… Le Grand-Orient est content de toi et te proclame apprenti-maçon et candidat à la députation. / Pour assurer son élection, Poilopattes se fait présenter au compagnonnage maçonnique. / On lui apprend les pas et autres singeries laïques obligatoires, mais pas du tout gratuites. / Poilopattes jure de garder le secret sur les pots-de-vin qu’il pourra recevoir. / Le futur député est invité à prendre place parmi ses nombreux frères. / La petite note pour les frais de compagnonnage. /

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Poilopattes ayant appris qu’un concurrent est aussi compagnon, demande à devenir maître. / Un vieux bonze de frère examine si son tablier sera assez large pour cacher tous les panamistes et dreyfusards. / Poilopattes est mis en face d’un cercueil, il croit reconnaître le baron Reinach [Jacob Adolphe, alias Jacques, baron Reinach, (Francfort,1840-Paris, 1892), banquier français d’origine juive-allemand, franc-maçon principalement associé au scandale de Panama], on lui dit que c’est le corps d’Hiram. / D’un coup de maillet, Poilopattes est jeté dans le cercueil ; il ne rencontre pas de cadavre, mais attrape une forte contusion. /

Hayard affiche antimaçonnique

Assuré d’être l’unique candidat, Poilopattes veut être reçu Rose-Croix pour savoir toutes les ficelles du métier. / On lui couvre la tête pour lui apprendre à être aveugle sur tous les méfaits de ses frères en acacia. / Un frère lui présente un billet portant les initiales des qualités qu’il devra posséder désormais [INRI] : imbécile, nigaud, raseur, idiot. / Se reconnaissant le moral de l’emploi, Poilopattes jure fidélité à la Maçonnerie qui le fera élire. / Gueuleton et toasts en l’honneur du futur député. / Poilopattes arrive au 33e degré ; il est épaté de fournir la braise et d’éclairer à ses frais. / Poilopattes devenu chevalier Kadosch, promet de combattre sans relâche le gouvernement tant qu’il n’en sera pas, l’armée et la religion. / Poilopattes s’exerce enfin au signe de détresse pour faire un appel au dévouement de ses frères en cas de danger. / Le parfait Kabosch [sic, sous forme d’une tête d’âne]. »

Hayard Bande dessinée antimaçonnique

Suit la « Liste des Députés qui appartiennent à la Franc-Maçonnerie ou Congrégation laïque de l’Acacia ». Il est précisé que la liste « n’est pas complète et ne peut pas l’être. Ces Chevaliers de la truelle mettent généralement leur tablier dans leur poche, quand ils se présentent devant les électeurs. Aucun de ceux dont les noms suivent, n’a protesté quand son nom a paru dans les journaux, comme appartenant à la famille d’Hiram. […] Dans cette liste, chacun retrouvera la plupart des fumistes qui se servent du peuple, au lieu de servir le peuple, les partisans de l’assiette au beurre, les soutiens du ministère Waldeck-Millerand-Dreyfus. »

Alexandre Millerand, franc-maçon, était ministre du Commerce, de l’Industrie, des Postes et Télégraphes dans le gouvernement Pierre Waldeck-Rousseau dit « gouvernement de Défense républicaine » (22 juin 1899 au 3 juin 1902) ; ce dernier avait décidé la révision du procès Dreyfus.

Deux petites déchirures marginales restaurées, sans gravité. Quelques rousseurs.

Affiche de toute rareté.

Hayard affiche antimaçonnique

600 €