Gaspard Grégoire. Théorie des Couleurs, appliquée à la pratique des arts industriels, contenant : des observations sur le système des trois couleurs primitives ; sur leur succession méthodique, sur les moyens d’accorder les couleurs entre elles pour produire l’harmonie dans les dessins et assortimens de tous genres, et sur une nouvelle méthode de noter les couleurs. Avec figures coloriées. Seconde édition augmentée de plusieurs nouvelles expériences. Paris, chez l’Auteur, et chez Bachelier, 1839. In-8° de iv, 20 pp. 3 planches gravées aquarellées en hors-texte. [Relié à la suite, chez les mêmes, même date :] Expériences prismatiques à l’appui du système des trois couleurs primitives ; suivi de quelques observations et expériences sur les couleurs de la lumière et sur les couleurs matérielles considérées séparément. Avec figures coloriées. Seconde édition. In-8° de iv, 11 pp. ; 3 pp. [supplément]. 2 planches gravées aquarellées en hors-texte. Veau fauve, dos lisse romantique avec le titre doré en long, plats à la Duseuil, roulette dorée sur les coupes et les chasses, les 1ères de couverture brunes des deux exemplaires conservées (Simier, relieur du Roi).
2de édition, rare, de la Théorie des couleurs, parue l’année de l’originale, rééditée en deux parties. Ces deux traités étaient livrés ensemble ou séparément, « parce que les physiciens s’occupent plus particulièrement des couleurs de la lumière, et que dans les arts industriels, on ne considère généralement, que les ouvrages qui traitent des couleurs matérielles ». Gaspard Grégoire (1751-1846), avait inventé des velours tissés et peints dits « velours Grégoire ». Quelque 100 ans avant qu’Albert Munsell ne mette au point son système d’ordre des couleurs, il avait introduit un système d’ordre des couleurs fondé sur les attributs de la teinte, de la chroma et de la clarté. Grégoire, qui toute sa vie avait aimé les recherches guidées par la réflexion, se délassait sur ses vieux jours du travail du manufacturier pratique par celui du théoricien plus détaché des réalisations. (Benezit, V, 190).
Timbre humide bleu répété de la bibliothèque de la Société d’encouragement pour l’Industrie nationale, association française fondée en 1801, et dont le but initial était de favoriser l’engagement de la France dans la révolution industrielle en relevant le défi britannique, de manière à favoriser toute forme de création au service de l’intérêt national. Reconnue d’utilité publique en 1824, elle faisait, entre autres, la promotion des arts industriels. Grégoire lui avait présenté « ses échantillons de velours imitant la peinture, dont la perfection du tissu, la beauté du coloris et la pureté du dessin ont été généralement admirés par tous les membres sous les yeux desquels ils ont paru et qui ont témoigné le désir qu’une branche aussi précieuse de l’industrie française fût justement encouragée. » (Moniteur de l’Empire, lundi 27 janvier 1806.) En juillet 1807, la Société lui avait décerné la médaille d’argent de lère classe pour avoir parvenu « à tisser des tableaux en velours avec une correction et une perfection qu’il ne paraissait pas possible d’atteindre » (Bull. de la Société d’encouragement, 6e année, juillet 1807, n° XXXVII), puis, en 1813, il obtient des citations flatteuses à la séance de la Société pour sa Table des Couleurs dont le Ministre des manufactures et du commerce ordonne l’envoi aux manufactures impériales des tapisseries de la Couronne et au Conservatoire des arts et métiers de Paris et de Lyon, car elle avait alors une très réelle utilité pour des coloristes, et le mérite de l’inédit. C’est postérieurement que Chevreul s’occupa de la même question et éclipsera les travaux de Grégoire (Ibidem,12e année, octobre 1813, séance du 6 octobre), et enfin, le 18 avril 1821, à la séance générale de la Société d’encouragement, on s’occupe, avec une attention particulière et des éloges, ses étoffes circulaires et un de ses tableaux de fleurs sur velours qui est unanimement trouvé « d’une rare perfection ». (Voir H. Algoud, Gaspard Grégoire et ses velours d’art, Paris, Société française d’Imprimerie, 1908).
Cote de bibliothèque au crayon bleu à la première garde blanche.
Une note manuscrite à l’époque dans la marge p. 18 pallie un manque dans le texte imprimé.
Quelques taches à la reliure, charnières fragiles, très légères usures aux coins ; intérieur frais malgré quelques rares rousseurs, belles planches.
Rare édition, élégamment établie par Simier.