De la bibliothèque du duc de Wellington. Baron de Kolli. Manuscrit autographe sur la tentative anglaise de faire évader le roi d’Espagne Ferdinand VII prisonnier de Napoléon

Wellington Kolli

 

Louis Collignon, Baron de Kolli (1757-1825). Manuscrit. Mémoires historiques et Politiques sur Valençay. offerts aux souverains de l’Europe. Deux Volumes avec figures. 1820.  2 volume in-8° de vii pp. d’introduction, 1 feuillet blanc non chiffré, 276 pp. de texte, v pp. de table ;  [1] p., 1 p. blanche, 277 pp. de texte, 1 p. blanche, v pp. de table. Manuscrit sur papier réglé à la mine de plomb et couvert d’une fine écriture à l’encre brune, fort lisible ; [2] dessins aquarellés sous serpente et placés en frontispice au commencement de chaque volume : « S. M. C. Ferdinand VIIeme. Roi d’Espagne & des Indes » par Saint-Gest (vol. 1) ; « Le Donjon de Vincennes, vu de l’intérieur de la forteresse » [évasion] (vol. 2). Maroquin cerise à grain long, dos lisses ornés de doubles filets dorés, titre et tomaison dorés, simple filet doré en encadrement sur les plats  avec dédicace et date poussées en lettres dorées sur les plats supérieurs : « manuscrit / Au Gouvernement britannique / 1820 », hachures dorées sur les coupes, contreplats et gardes de papier vert pâle, tranches dorées. (Reliure de l’époque).                                                                     

  Wellington Kolli

 

Très beau manuscrit de dédicace « au Gouvernement britannique », sans doute l’exemplaire manuscrit de l’auteur, mis au net d’une élégante écriture, avec les corrections probablement de sa main, offert au duc de Wellington en 1820, trois ans avant son impression en 1823.

 

Wellington Kolli

 

Il a été abondamment censuré et expurgé. Certains passages ont été grattés et réécrits directement à la plume ou sur plusieurs becquets, parfois très critiques (comme le becquet I, p. 108, au sujet de lettres dont il est précisé qu’elles furent « insérées dans les feuilles publiques de 1810, avec une intention coupable et très peu d’exactitude »), des pages entières ont même été entièrement remplacées (la lettre du duc de Kent à Wellesley, I, 101-104), et d’autres passages, censurés au gros trait noir (Billet du duc de KentI, 110-112, et 179-180). L’introduction et les deux premiers chapitres sont inédits. Le texte a été extrêmement remanié, et présente de très nombreuses variantes avec l’édition de 1823. Certaines corrections ont été conservées, d’autres, nombreuses, écartées. Signalons que certains passages concernant Wellesley ont été censurés au gros trait.

 

Wellington Kolli

 

Très tôt, le manuscrit se trouvait dans la bibliothèque du duc de Wellington (Lord Wellesley) pour lequel il fut sans doute composé, en vue d’obtenir une quelconque faveur dix ans après les faits. Wellington (1769-1852),  avait fait campagne en Espagne, début de son extraordinaire carrière militaire parachevée à la victoire de Waterloo. Le duc avait ainsi remis Ferdinand VII sur son trône, et Kolli ne manque pas de consacrer une place importante à Wellington dans son récit. Œuvre de courtisan dans la misère ? Probablement aussi l’occasion de rappeler au puissant duc, qui occupait alors d’importantes fonctions militaires et politiques en Angleterre, son dévouement et les risques qu’il avait encourus dans ce projet fou d’évasion. Au début de chaque volume, l’auteur ne manque pas de préciser : « Mémoires historiques et Politiques sur Valençay offerts aux Souverains de l’Europe Et écrits par le Colonel Baron de Kolli, qui en 1810 a été chargé d’une mission importante par le Gouvernement Britannique près S. M. C. Ferdinand VII, Roi d’Espagne et des Indes, alors Prisonnier à Valençay ; les pièces authentiques à l’appui de ces mémoires ; celles qui émanent des Rois, des Princes et autres… Les détails de la captivité de l’auteur au Donjon de Vincennes, pendant les années 1810, 1811, 1812, et 1813 ; sa translation au château de Saumur en 1814, sa liberté, et sa seconde captivité en 1815. »

 

Wellington Kolli

 

Louis Collignon, dit le baron de Kolli (1757-1825) était un aventurier piémontais qui se fit passer pour un baron irlandais et conçut le projet de faire évader Ferdinand VII de Valençay : le souverain espagnol devait embarquer sur les côtes de Bretagne (baie de Quiberon) pour l’Angleterre. Kolli obtint l’aval du gouvernement britannique et une somme de 200.000 francs en diamants bruts. Il fut arrêté à Paris avant même d’avoir mis son projet à exécution. Kolli fut emprisonné à Vincennes puis au château de Saumur. Après un séjour en Espagne, il rentra en France et mourut dans la misère. À la suite de l’entrevue de Bayonne en 1808, Napoléon avait fait abdiquer Charles IV, placé Joseph Bonaparte sur le trône d’Espagne et installé Ferdinand VII à Valençay jusqu’en 1813. Le 11 décembre 1813 était signé à Valençay le traité qui rétablit Ferdinand VII sur le trône d’Espagne et des Indes : les troupes françaises devaient évacuer les provinces occupées et Ferdinand s’engageait à faire partir les Anglais. (voir Tulard, 783 [pour l’édition parue sous le titre : Mémoires du baron de Kolli et de la reine d’Etrurie, Paris, 1823] : « Mémoires très suspects de cet aventurier piémontais mêlé à diverses intrigues autour de Ferdinand VII » ; Léonce Grasillier, Aventuriers politiques sous le Consulat et l’Empire : le Baron de Kolli et le Comte Pagowski, 1902).

 

Wellington Kolli

 

Exemplaire du duc de Wellington, le manuscrit fut ensuite acquis par le grand bibliophile anglais Thomas Phillipps (1792-1872) en janvier 1843, comme l’indique la mention « Bought at Lord Wellesley’s sale by Evans, Jan. 1843 », et répertorié « ms 15864 ».

Reliure un peu frottée et épidermée, usure aux coins.

Très bel et précieux exemplaire cependant, à la prestigieuse provenance.

Vendu