Gotlib. A quoi ça sert que la mère Ducros elle se décarcasse ? [1983]. Encre de Chine sur papier fort. Signé au feutre noir en bas à droite. Références aux crayon en haut à droite : « gotlib IL53 ». Dimensions : 15,2 x 14,1 cm. Encadré.
Dessin humoristique original dans l’esprit de Fluide glacial montrant Isabelle Adjani telle qu’elle apparaissait dans L’Eté meurtrier, en petite tenue, coiffée d’une toque, versant des larmes de désespoir devant l’inutilité de ses efforts pour épicer la vie ou pour séduire : « Bonne mère !… A quoi ça sert que la Mère Ducros elle se décarcasse ? A quoi bon… Tout cela est si vain… A quoi ça sert ? Snif. J’en peux plus. Je suis dans un état proche du décarcassement ». Avec, dans le coin inférieur droit, un personnage récurrent du caricaturiste, mangeant de la moutarde forte, cramoisi, crachant ses molaires, sans doute fort sensible au charme de la star.
Subsistent quelques traces du dessin préparatoire au crayon, technique peu habituelle chez l’artiste. En effet, pour ses planches, ses crayonnés étaient faits sur un carnet de croquis, puis recopiés à l’encre sur la planche.
Marcel Gottlieb, dit Gotlib (1934-2016), auteur français de bande dessinée, artiste, écrivain, dessinateur et éditeur, est célèbre pour son héros Gai-Luron, pour les séries humoristiques Les Dingodossiers (réalisés avec René Goscinny) et Rubrique-à-brac, les aventures de Superdupont et les nombreuses pages qu’il a publiées dans deux importants mensuels qu’il a cofondés dans les années 1970 : L’Écho des savanes et Fluide glacial.
A l’époque de notre dessin, dans les années 80, il se consacrait presque exclusivement à la rédaction de Fluide Glacial, dessinant de plus en plus rarement (son dernier album de bande dessinée, La Bataille navale ou Gai-Luron en slip, sera publié en 1986).
L’Été meurtrier, film dramatique de Jean Becker, sortit en 1983. Isabelle Adjani et Alain Souchon y tenaient les rôles principaux. Adjani, flamboyante et vénéneuse séductrice, reçut le César de la meilleure actrice. Présenté en compétition au festival de Cannes, le 10 mai 1983, la montée des marches fut marquée par une grève très symbolique des photographes qui posèrent leur appareil à terre sans prendre de clichés.
Notre dessin y fait-il allusion ? En outre, « la mère Ducros » fait référence au fameux slogan publicitaire : « À quoi ça sert que Ducros il se décarcasse ! » utilisé dès 1975 pour les herbes et épices Ducros, et fleure bon la Provence où se situe l’action du film ; de plus, « Je suis dans un état proche du décarcassement » détourne le fameux refrain « J’suis dans un état proche de l’Ohio » de sa chanson Ohio co-écrite avec Serge Gainsbourg, tube sorti en 1983.
Gotlib dans toute sa verve satyrique, servie par une qualité graphique exceptionnelle.
2 800 €