Recueil satirique extrêmement rare. Les Fables de La Fontaine détournées en fables politiques après la révolution des Trois Glorieuses.

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

 

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

 

Eugène Desmares. Les Métamorphoses du jour, ou La Fontaine en 1831. Paris, Delaunay, 1831. 2 vol. in-8° de 256 pp. [chiffrées vi-[7-9]-256] ; 319 pp. Demi-maroquin bleu-nuit à long grain avec coins, dos long romantique, titre doré, caissons de titre et de tomaison en relief, lieu et année dorés en pied, filet doré sur les plats, non rogné. (Reliure fin XIXe).

Édition originale « extrêmement rare » (Rochambeau, 397) ; exemplaire bien complet des 18 vignettes dessinées par Henri Monnier et gravées sur bois par [Charles ou John] Thompson (1 répétée sur les p. de t., 10 au t. I et 6 au t. II, toutes en pleine page hors-texte).

Recueil satirique en douze livres de fables politiques, chacune devenant une parodie habile d’une fable composée par La Fontaine. Ce fut au lendemain des évènements de juillet 1830 que le journaliste Eugène Desmares (mort en 1839) édita ces fables converties en pamphlets révolutionnaires dirigés contre Louis-Philippe accusé d’avoir confisqué la révolution de 1830 à son profit. Leurs titres sont évocateurs : La République, le duc de Reichstadt, le duc de Bordeaux et le duc d’Orléans (La Génisse, la Chèvre et la Brebis, en société avec le Lion), Casimir Perrier voulant imiter Metternich (Le Corbeau voulant imiter l’Aigle), Louis-Philippe et la Liberté (Le Charretier embourbé), etc…

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

L’auteur précise dans sa Préface : « Entrez dans nos ministères, dans nos administrations, dans nos chambres mêmes ! ce ne sont pas des bêtes que vous y trouvez ; ce ne sont point des renards, des loups, des buses ou des serpents ; ce sont bien des hommes ! avec des yeux plus ou moins faux, des mains plus ou moins longues, des bouches plus ou moins grandes ; des hommes ! en habits brodés, en livrées, en fracs élégans, en soutanes ; tous avec un ruban rouge ou bleu sur la poitrine. Mais écoutez-les parler, leur nature change. […] ce ne sont plus les bêtes qui parlent le langage des hommes, mais bien les hommes celui des bêtes. Si notre belle révolution a produit des fruits ! les voilà ! Et la preuve !….. »

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

Brivois note que l’édition fut poursuivie et l’auteur condamné à 6 mois de prison et 500 Fr. d’amende ; Drujon précise que « cet ouvrage fut poursuivi sous la prévention d’offenses envers la personne du roi, prévention renfermée tout entière dans la qualification de “ Citoyen tyran ”, donnée au roi des Français par l’auteur, dans l’une de ses fables intitulée : “le Chameau et les Bâtons flottants”. Après une courte délibération du jury, qui a rendu un verdict négatif, l’auteur a été purement et simplement acquitté par arrêt de la cour d’assise de la Seine, en date du 25 janvier 1832. »

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

Henri Bonaventure Monnier (Paris, 1799 – id., 1877) fut un caricaturiste renommé des mœurs et physionomies de ses contemporains, de la grisette à l’employé de bureau. Il est le créateur du caricatural Monsieur Prudhomme, dont Balzac dira qu’il s’impose comme « l’illustre type des bourgeois de Paris » et dont Paul Verlaine s’inspirera, dans les Poèmes saturniens, pour un poème homonyme. Henry Monnier a également servi de modèle à Balzac pour le personnage de Jean-Jacques Bixiou, caricaturiste, homme de bons mots, et qui revient dans de nombreux romans de La Comédie humaine[].

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

« Le nom de Charles Thompson caractérise, avec celui de Brévière, non pas la renaissance de la gravure sur bois en France (ce serait trop dire, et c’est un honneur qu’il faut réserver à Porret), mais la période préparatoire à cette renaissance. » (Béraldi : Les Graveurs du XIXe siècle. Paris, Conquet, 1892, t. XII, p. 118-119). Charles Thompson (Londres, 1789 – Bourg-la-Reine, 1843) arriva à Paris en 1816 sur l’insistance de Firmin Didot ; il réalise principalement des vignettes et des fleurons pour des polytypes — petites gravures reproduites par moulage, qui sont ensuite revendues aux imprimeurs. Thompson collabore aussi avec l’imprimeur Pillet qui sera le premier à utiliser la gravure sur bois debout pour de véritables illustrations, et non plus seulement des ornements passe-partout. Charles Thompson, graveur associé à Achille Devéria comme à d’autres illustrateurs de l’époque romantique, a connu un immense succès de son vivant. Benezit, XIII, 608. Alors que Béraldi attribue ces gravures à Charles, Bassy les impute à son frère John (Manchester, 1785 – Kensington, 1866) tout aussi célèbre. Benezit, XIII, 610.

De la bibliothèque de L. D., avec son ex-libris gravé.

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

Rochambeau, 397 ; Carteret : Le Trésor du Bibliophile, III, 198-199 ; Drujon, 257-258 ; Vicaire, III, 215-216 ; Brivois : Bibliographie des ouvrages illustrés du XIXe siècle, Paris, Rouquette, 1883, pp. 122-123 ; Quérard : Supercheries littéraires, 914, n.1 ; Alain Marie Bassy Les Fables de La Fontaine. Quatre siècles d’illustration, Promodis, 1986 ; Benezit, IX, 760.

Petite usure aux coins, charnières frottées et dos légèrement insolé. Intérieur assez pur malgré quelques rousseurs et bien que plusieurs vignettes hors-texte soient brunies, comme souvent.

Bon exemplaire, rare.

Desmares. Les Métamorphoses du jour ou La Fontaine en 1831.

 

650 €