[Eustache Le Noble]. Les Amours d’Anne d’Autriche epouse de Louïs XIII. Avec Monsieur le C. D. R. le veritable Pere de Louïs XIV. aujourd’hui Roi de France. Ou l’on voit au long comment on s’y prit pour donner un Héritier à la couronne, les resors qu’on fit jouer pour cela, & enfin tout le dénouement de cette Comédie. Ensemble Avec la Reponse au Manifeste du Roy Jaques II. Traduit de l’Anglois d’un homme de qualité. A Cologne [i.e. en Hollande], Chez Guillaume Cadet, 1692. Petit in-12 de [10], 2 blanches, 132 pp. ; 57 pp. Reliure pastiche à la Duseuil en veau fauve, dos à 4 faux-nerfs richement orné avec l’année en pied, pièce de titre en maroquin noir, fer doré au centre des plats, roulette dorée sur les coupes, chasses richement ornées, tranches dorées. (Reliure fin XIXe s.).
Édition originale, rare, de cette violente satire dirigée contre le Roi-Soleil ; elle a lancé la rumeur selon laquelle Louis XIV ne descendrait plus de Saint-Louis, mais serait en fait un bâtard de la maison d’Autriche, fruit des amours adultérines de sa mère la reine Anne d’Autriche, en l’occurrence avec le Cardinal de Richelieu !
« Ouvrage piquant, nous dit Jules Gay, et qui dans un petit catalogue, a été attribué à un nommé Pierre Lenoble, nom aussi peu sérieux probablement que celui de Pierre Marteau. Dans l’édition de 1718 et dans quelques autres, on a remplacé les initiales C. de R. par les mots : Cardinal de Richelieu ; mais d’après le livre même, cette allégation est fausse ; car, selon l’auteur, le cardinal de Richelieu, irrité contre le frère du roi, Gaston, qui lui a donné un soufflet, introduit un jeune seigneur, le C. de R., auprès d’Anne d’Autriche afin que la couronne de France ait l’héritier dont la prive l’impuissance de Louis XIII. Dans quelques catalogues modernes, on a indiqué le comte de Rivière, mais cette supposition parait tout à fait gratuite. D’après l’ouvrage de Tycho Hoffmann : Portraits historiques des hommes illustres de Danemark, le comte de Rantzau aurait été un amant distingué par Anne. Peut-être est-il celui que désignent les initiales C. de R. On a supposé aussi que les initiales signifiaient le comte de Rochefort. » Quoiqu’il en soit, l’ouvrage accuse donc d’illégitimité Louis XIV qui est en outre violemment attaqué dans la dédicace et l’Avis au lecteur. Ce pamphlet semble avoir connu un grand succès. Le catalogue Leber, n° 2189, signale qu’il en existe au moins 6 éditions.
L’ouvrage a bien entendu été inscrit au catalogue des livres défendus, imprimés sans privilèges, et contrefaits ; on en trouve la trace, sous l’intitulé « Mémoire de la Reyne Anne d’Autriche » dans le procès-verbal de saisie chez les sieurs L’Archer, Chevance et Rambault le 14 septembre 1694.
La Reponse au Manifeste du Roy Jaques II a une page de titre propre : Examen des pretextes de l’invasion des François pour l’Instruction des Anglois. Le texte original anglais de cette violente diatribe contre Louis XIV et Jacques II en exil en France, The Pretences of the French invasion, est attribué à Daniel Defoe ou à William Lloyd, évêque de Worcester. Le permis d’imprimer, à la fin du texte, est de Nottingham, 4 juin 1692. Il répond à His Majesties most gracious declaration to his good people of his ancient kingdom of Scotland, commanding their assistance against the prince and princesse of Orange and their adherents publié en avril de cette même année.
De la bibliothèque de l’écrivain et critique d’art français Paul Adam (1862-1920), avec sa signature autographe ainsi que, en regard du titre, son timbre humide triangulaire de bibliothèque.
Gay, Bibliographie des livres relatifs aux femmes et à l’amour, t. I, p. 163 ; Goldsmith, A Short Title Catalogue of French Books 1601-1700, A 508 [ne signale que la seconde édition de 1693] ; A. Sauvy, Livres saisis à Paris entre 1678 et 1701, n° 485 et n° 782.
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