[Atlas militaire miniature]. [Pierre Lemau de La Jaisse]. [Fortifications de la France]. Sans lieu, ni nom, ni date [Paris, entre 1733 et 1736]. 110 cartes gravées en 3 volumes in-32 à l’italienne (8,2 X 12,2 cm). 4 feuillets blancs, 37 gravures [1-37], 4 feuillets blancs ; 4 feuillets blancs, 37 gravures [38-74], 4 feuillets blancs ; 4 feuillets blancs, 36 gravures [75-110], 4 feuillets blancs. Demi-maroquin alternant les pièces vertes, ocres, grenat et fauves, dos à 5 nerfs orné de roulettes et petits fers dorés, titre et tomaison dorés, plats en papier vert imitant le maroquin ornés de parcloses à doubles filets dorés et aux petits fers floraux dorés aux intersections, roulette dorée sur les coupes, chasses richement ornées de roulettes et de filet dorés, tranches dorées, gardes de tabis rose. ([Relié à l’époque] par Padeloud [sic] fils du relieure [sic] du roy).
Atlas portatif sans titre, contenant les plans des principales places de guerre et villes maritimes frontières du royaume. Ces 110 plans de villes fortifiées en médaillon, sont accompagnés, aussi en médaillon, de leurs blasons numérotés de 1 à 110. Ils sont organisés par départements et gouvernements généraux et particuliers des provinces : Picardie, Artois, Flandres, Hainaut, Champagne, les 3 évêchés, Alsace, Franche-Comté, Bourgogne, Dauphiné, Provence, Languedoc, Roussillon, Navarre et Béarn, Guyenne, Aunis, Bretagne et Normandie. Sont indiquées, dans un petit texte en français imprimé en italiques, leurs longitudes et latitudes, leurs distances les unes des autres et de Paris, leurs armoiries et leurs descriptions, tant anciennes que modernes. En 1736, l’auteur fera paraitre les Plans des principales places de Guerre et Villes maritimes frontières, édition augmentée de 2 plans (« Sisteron » et « Hôtel Royal des Invalides »).
Il s’agit probablement d’une édition revue de la Carte de la Monarchie française que Pierre Lemau de La Jaisse fit paraitre en 1733. En effet, les plans et les blasons ont été conservés à l’identique, seules les légendes diffèrent : elles ne sont pas numérotées, les longitudes précèdent les latitudes, les distances sont rectifiées (par exemple Rocroy est à 6 lieues de Mézières, et non plus à 5, et Verdun est à 17 lieues de Toul, et non plus à 15), et les états-majors ne sont plus mentionnés (voir l’exemplaire numérisé sur gallica : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5492298g/f54.item.zoom). Gravés sur verger in-folio, les plans de chaque ville ont été ensuite découpés, réenmargés et montés sur onglets à double page. Ces atlas portatifs, dans un format « de poche », à la reliure élégante, étaient vraisemblablement destinés, imprimés et montés ainsi, à un militaire de haut rang ou plutôt à un ingénieur des fortifications (ce qui justifierait la non mention des états-majors), sorte de « vade-mecum » bien utile lors des missions d’inspection. Le corps des ingénieurs du roi était en plein essor, une école royale du génie sera ouverte à Mézières en 1748.
Une note au crayon au recto de la p. de garde inf. du tome I précise : « ALV [Acheté Lors d’une Vente ?] – par Merlin – fer 1816 – N° 801. 3 tomes [?] ». Peut-être s’agit-il d’Antoine François Eugène Merlin (1778, Douai – 1854, Eaubonne), général français, héros des guerres de la Révolution et de l’Empire. Comte, Chevalier de l’Empire, Grand officier de la Légion d’honneur, Chevalier de Saint-Louis, pair de France, son nom est gravé sous l’Arc de triomphe de l’Étoile, 29e colonne. Il avait suivi en exil son père, Merlin de Douai proscrit par l’ordonnance du 24 juillet 1815 pour avoir servi Napoléon durant les Cent-Jours. Monté à bord du navire américain l’Alice, à Anvers, pour se rendre en Amérique, ils firent naufrage à l’embouchure de l’Escaut, près de Flessingue le 24 février 1816.
Le fameux relieur de Louis XV et de la Pompadour, Antoine-Michel Padeloup, avait un fils relieur, Jean, auquel il avait transmis son titre de relieur ordinaire du roi de Portugal. Antoine-Michel avait reçu le brevet de relieur ordinaire du Roi le 23 août 1733 ce qui nous incline à dater notre reliure des quelques années qui suivirent. Les plats de reliure XVIIIe en papier imitant le maroquin sont particulièrement rares.
Très discrètes restaurations.
Atlas miniature de toute rareté, particulièrement raffiné, petit bijou de bibliophilie.
Vendu