André Gill. Les Chansons des grues et des boas. Paris, chez tous les libraires [A. Parent], 1865. In-8° de [16] pp. y compris le titre, ornement typographique au titre et 6 lithographies par Gill en hors-texte. Percaline fraise à la Bradel, pièce en maroquin noir portant le titre en long et l’année, couverture bleu ciel conservée. (G. Gauché, Paris).
Edition originale.
« Victor Hugo revu et corrigé à la plume et au crayon par Gill ». A l’occasion de la parution des Chansons des rues et des bois, le fameux caricaturiste André Gill (1840-1885) réalise une parodie du recueil illustrée notamment par un portrait-charge de Victor Hugo, représenté jeune, « silhouette du temps jadis », alors qu’il écrivait Notre-Dame de Paris.
La petite parodie fut mal accueillie par le poète. Le 3 janvier 1866, il écrivait à Louise Colet : « On acclame les vers de M. de Massa et l’on hue Les Chansons des Rues et des Bois. Une parodie est intitulée Les Chansons des Grues et des Boas. Ces chansons-là, en effet, se sont fait entendre autour de mon livre ». Le ton n’est pourtant pas hostile et souvent amusant. Sont notamment parodiées les pièces « Interruption à une lecture de Platon » [devenue « Interruption à une lecture de Hugo »], « Réalité », « En sortant du collège », « Paupertas », « Réponse à l’esprit des bois » [devenu « Réponse à T. T. »], « Saison des semailles. Le soir » [devenu « Saison de la vente – Le soir »] et « Au cheval » [illustrée par un vieux Pégase éclopé] ;
et avec une caricature illustrant le fameux vers extrait de « Senior est junior » : « As-tu déjeuné Jacob ? » [vers commenté par Hugo dans la lettre précédemment citée à Louise Colet : « Les prêtres vous menacent et ils me dénoncent. As-tu déjeuné, Jacob ? est un blasphème]
ainsi qu’un autre dessin au commentaire ironique à propos des « torchons radieux » de « Choses écrites à Créteil ».
A noter le poème grinçant de Gill « L’anniversaire » : « Qu’il est joyeux aujourd’hui / L’homme aux chefs-d’œuvre sans nombre / Sous un immense appétit, / L’instinct poétique sombre. // A pareil jour, sur la terre, / Parut une œuvre admirable, / Dont la vente, chez Pagnerre, / N’avait rien de misérable. […] ».
Ex-libris d’André Lebreton, avec son étiquette. André Lebreton (Poitiers, 1860 – Paris, 1931), professeur à la Faculté des lettres de Paris, spécialiste de littérature française, laissa plusieurs ouvrages sur Victor Hugo : Les Premiers romans sociaux de Victor Hugo (1923), La jeunesse de Victor Hugo (1928), Victor Hugo académicien (1929) et Victor Hugo chez Louis-Philippe (1929).
Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, tome III, colonnes 978-979 et tome IV, colonne 336.
Inévitables rousseurs, petits cernes, piqûres de décoloration à la couverture, petite déchirure restaurées à la 4eme de couverture. L’état est cependant très convenable.
Rare parodie.
Vendu