Exceptionnel exemplaire d’Alfred de Musset sur les débuts de Pauline Garcia et de Rachel dont il était amoureux

Musset Revue de Paris

 

Revue de Paris. Nouvelle série ; – Année 1838. Tome cinquante-neuvième [-soixantième]. Paris, au Bureau de la Revue, 1838. Les mois novembre et décembre reliés en 1 vol. in-8° de 291, [1] pp. ; 367, [1] pp. Demi-basane fauve de l’époque, dos lisse orné de doubles filets dorés, titre et millésime dorés, tranches mouchetées de rouge.

Alfred de Musset a signé à 8 reprises, probablement à l’attention du relieur : au tome LIX, au faux-titre et aux pp. 81, 153, et 224 (les 1ers feuillets des cahiers 1, 6, 11, 16) ; et au tome LX, au faux-titre et aux pp. 153, 229 et 297 (les 1ers feuillets des cahiers 1, 11, 16 et 21).

Musset Revue de Paris

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Ce qui rend vraisemblablement ces deux publications si chères à Musset, dont on peut penser qu’il a fait relier ces deux livraisons en prenant bien soin de signer ces cahiers, c’est que s’y trouvent les comptes-rendus des débuts de Rachel au Théâtre-Français, suivi d’un magnifique article qui lui est consacré par A. de Latour (pp. 269-282), et ceux de la future Pauline Viardot, alors Pauline Garcia, article également élogieux signé P. de M., initiales de Paul de Musset, le propre frère d’Alfred (p. 291-294). Ce dernier, n’ayant pu assister au concert, avait présumé de sa qualité « d’après le récit de [son] frère », comme il l’écrira à Mme Jaubert. Le poète courtisa les deux jeunes actrices âgées toutes deux de 17 ans. Comme le précise son frère Paul : « Il fallait toujours qu’Alfred fut amoureux et il l’a toujours été […] Sa double admiration pour Pauline Garcia et pour Rachel passait en lui de l’esprit jusqu’au cœur, à la sortie du théâtre, chaque fois qu’il les entendait… ».

Pyotr Fyodorovich Sokolov. Pauline Viardot. 1843-1845.

 

Alfred de Musset

 

Mayer & Pierson. Rachel. Portrait photographique. 1860.

Il fut éconduit par Pauline, mais eut plus de succès auprès de Rachel avec qui il eut une liaison. Musset publiera, dans La Revue des Deux-Mondes, trois articles élogieux sur les débuts des deux artistes : le 1er janvier 1839 : « Concert de Mademoiselle Garcia », puis le 1er novembre suivant : « De la Tragédie. A propos des débuts de Mademoiselle Rachel », et « Débuts de Mademoiselle Pauline Garcia au Théâtre-Italien ». Il leur consacrera plusieurs poèmes, notamment : « Sur les Débuts de mesdemoiselles Rachel et Pauline Garcia » (Poésies nouvelles), publié dans la Revue des Deux-Mondes le 1er janvier 1839, vers bien composés fin 1838, comme l’a laissé entendre le poète. Notons les vers enflammés qu’Alfred apporta à Rachel lors de l’été 1839 : « A Mademoiselle Rachel » (« […] Cette langue de ma pensée, / Que tu connais, que tu soutiens, / Ne sera jamais prononcée / Par d’autres accents que les tiens. // Périsse plutôt ma mémoire / Et mon beau rêve ambitieux ! / Mon génie était dans ta gloire ; / Mon courage était dans tes yeux », Poésies posthumes.)

La Revue de Paris publie en outre dans ces deux tomes de novembre et décembre 1838, des écrits de X. Marmier et de Delécluze, des critiques littéraires, des bulletins politiques (telle la critique acerbe contre Guizot : « Les dévotions politiques de M. Guizot » par Pickersghill), le compte-rendu élogieux par Jules Sandeau du Ruy-Blas de Victor Hugo créé au Théâtre de la Renaissance (« M. Hugo n’est pas et ne sera jamais le poète de la réalité. Son génie ne sait ni marcher ni parler ; mais il chante et il a des ailes »), et celui des débuts difficiles d’Ernesta Grisi dans Norma puis de l’interprétation de sa cousine Giulia Grisi, pleine d’énergie et de fierté dans le rôle d’Elisabeth dans Robert Dévreux de Donizetti créé au Théâtre des Italiens le 27 décembre. Le poète avait publié La Nuit vénitienne dans La Revue de Paris en 1830.

Signature parfois rognée court, déchirure sans manque t. LX p. 253, discrète restauration à la reliure.

Musset Revue de Paris

2 500 €