Alfred Sensier (1815-1877), marchand, critique et historien de l’art, attaché à la Direction des Beaux-arts ; il est alors membre du cabinet du ministre de l’Intérieur. 10 lettres autographes signées, adressées à Jules Niel (1800-1872), alors Bibliothécaire du ministère de l’Intérieur. Tours, 28 septembre – 28 octobre 1870. 32 pp. in-8° et in-4° (quelques fentes aux pliures).
Passionnante correspondance adressée de Tours, au moment où la délégation du gouvernement s’y installe avec Gambetta.
Le destinataire, Jules Niel, était entré en 1824 au ministère de l’Intérieur comme premier rédacteur au bureau du commerce et des colonies. En 1828, il est promu sous-chef de bureau. En 1830, la monarchie de Juillet nomme Jules Niel sous-préfet de l’arrondissement de Poligny (Jura). Dès 1831, il est muté à la sous-préfecture de Ploërmel (Ille et Vilaine) puis en 1833 à la sous-préfecture de Bernay (Eure) où il se maintient pendant cinq ans. En 1838, il réintègre le ministère de l’Intérieur où il sera chef du service de la voirie. On lui doit alors la conservation de plusieurs monuments anciens. En 1848, il est nommé bibliothécaire du ministère de l’Intérieur, fonction qu’il assume jusqu’à sa mort. Bibliophile lié à Charles Nodier et collectionneur d’art, il soutient notamment Charles Meryon (1821-1868) dont sa fille Gabrielle (1831-1919), aquafortiste, fut l’élève.
Sensier, arrivé à Tours, relate son voyage depuis Paris et le moral des Français. Il évoque l’arrivée de Gambetta à Tours, la capture d’Orléans, la résistance qui s’organise à Paris, la constitution de corps-francs et l’absence de véritable chef. Il note la situation militaire difficile à plusieurs reprises, la vie à Tours tout aussi compliquée (difficulté d’hébergement et cherté des logements, dont il donne les prix), la vie militaire, la discipline, la rigidité du commandement et le besoin de canons et de canonniers, fustige l’administration, se fait l’écho de nouvelles encourageantes qui lui parviennent de Paris par ballon monté (succès et bon moral des parisiens). Sensier insiste sur l’incertitude de la situation, évoque Gambetta et Thiers, les troupes à Tours, la rigueur du général, la vaillance des parisiens comparée à la population « invertébrée » de la Province, les dispositions prises à Tours (musée, gare, banque). Il donne des nouvelles de la défense de Châteaudun, de Bazaine et de Bourbaki, annonce l’arrivée massive de troupes en vue de la tentative de reprise d’Orléans. Il donne en outre quelques nouvelles sur l’armée de La Loire qui grossit et se porte sur Le Mans, Vendôme et Blois. Enfin, il demande à Niel de récupérer à Nantes deux copies d’études de Théodore Rousseau, évoque son travail quotidien, et fait allusion à la production artistique de Gabrielle Niel, la fille de son correspondant, élève de Meryon.
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