« L’aventurier heureux est un héros ; le héros qui échoue et qui succombe n’est qu’un aventurier. »
Charles René Gaston Gustave de Raousset-Boulbon (Avignon, 1817- Guaymas, au Mexique, 1854), flibustier et aventurier, parti à San Francisco en 1850 faire fortune et établir une république dans la région de la Sonora au Mexique, où il fut jugé et fusillé par les soldats de Santa Anna. Importante correspondance et nombreuses pièces manuscrites (93) montées sur onglet et conservées dans un volume in-4°, demi-maroquin cerise à coins du XIX° (usure aux faux-nerfs et aux coins).
Notre recueil couvre les annĂ©es 1835 Ă 1847 et se compose de 77 lettres (dont une non reliĂ©e) avec cachet postal, adressĂ©es Ă son condisciple et ami d’Avignon, Jean Baptiste Gonon, Ă Paris ou Ă Saint-Etienne, sauf deux Ă Eric Deleutre, la plupart signĂ©es, datĂ©es et postĂ©es de Paris, Fribourg, Auteuil, Duclair [près de Rouen], Boulbon, Avignon, Valence, Alger, Boufarik, Blida, Serres dans la Nièvre ou Lyon. Parmi cette correspondance, 5 lettres sont de sa maitresse Diane de Champie et une de son ami Lodoyx de Mauvesin. 18 seulement de ces lettres ont Ă©tĂ© utilisĂ©es et publiĂ©es en partie et expurgĂ©es dans le livre d’A. de La Chapelle, Ă©ditĂ© chez Dentu en 1859 et intitulĂ© : Le Comte de Raousset-Boulbon et l’expĂ©dition de la Sonore, correspondance, souvenirs et Ĺ“uvres inĂ©dites (page 241 et suivantes). Suivent deux courtes nouvelles autographes inĂ©dites intitulĂ©es « La Trahison » et « La Bergère », 16 poèmes de jeunesse autographes inĂ©dits : Caprice, DĂ©sespoir, Adieu, Hymne au soleil, Notre Dame de la Garde, Solitude, etc., un recueil de 21 poèmes autographes sur 60 pages (1836-1844) dont 4 publiĂ©s par La Chapelle (pp. 279-283), et enfin un hommage posthume rendu par Stanislas de Lapeyrouse, publiĂ© dans le « Feuilleton du constitutionnel ».
Cet ensemble de pièces originales offre d’intĂ©ressants renseignements inĂ©dits sur la jeunesse tumultueuse de Gaston de Raousset-Boulbon, sa personnalitĂ©, sa sensibilitĂ© romantique et poĂ©tique, ses amitiĂ©s et ses amours, certaines homosexuelles, sa quĂŞte mystique, son orgueil, son ambition et sa nature profonde empreinte de gĂ©nĂ©rositĂ© et du sens de l’honneur ; bref, elles permettent de se faire une idĂ©e « de ce qu’il y avait en fermentation dans ce cĹ“ur et dans cette tĂŞte ». Raousset y expose en outre ses projets de colonisation, ses dĂ©boires en Afrique, ses besoins de capitaux et d’armements. Son ami A. de La Chapelle note que « ce sont des pages brillantes, remarquables par les idĂ©es sublimes parfois, justes toujours, naĂŻves et simples aussi, dont elles sont pleines, sans parler du style facile et vigoureux qui sert Ă les rendre. Il y a nĂ©anmoins des nĂ©gligences bien pardonnables au currente calamo d’un ami de collège Ă©crivant Ă son ami […] Nous avons laissĂ© passer quelques-unes de ces nĂ©gligences ; elles profitent au tableau en lui servant d’ombres, et sont une preuve de plus du caractère de sincère intimitĂ© sous l’inspiration de laquelle ces lettres ont Ă©tĂ© Ă©crites. Si tous les morceaux de poĂ©sie ne sont pas d’une force transcendante, il faut en convenir sans surprise Ă propos d’un Ă©lève de rhĂ©torique ; mais il en est aussi qui, Ă©crites plus tard, alors que l’adolescent devenait homme, ont un tel cachet de grandeur, qu’elles marchent fièrement les Ă©gales de tout ce que bien des poĂ«tes ont pu produire en ce genre ; certains passages sont d’un lyrisme au-delĂ duquel on ne saurait s’élever. »
La Chapelle a soigneusement supprimé ou édulcoré les passages peu gratifiants pour son ami. « Nous n’avons supprimé dans cette correspondance, prévient-il, que les passages trop personnels ou ceux qui nous paraissent peu intéressants pour le lecteur » (pp. 239-240). Il laisse ainsi dans l’ombre son homosexualité et ses amours féminines, sa critique de la religion catholique, son rejet violent de Lamartine et des romantiques, ses affaires financières louches, sa fuite devant les créanciers, son affairisme en Algérie auprès de Bugeaud et d’Horace Vernet, sa défiance première envers le duc d’Aumale dont il sera ensuite proche, son trafic d’armes avec la Californie, etc.
Provenance : Victor Smith, juge au tribunal de Saint-Etienne ; il fut dépositaire du recueil de cette correspondance, à qui « nous devons cette précieuse communication » (La Chapelle, p. 240).
Description détaillée des 93 pièces sur demande.
Vendu