Madame de Genlis. Le conte « L’Isle des enfans », un jeu d’enfants et une étude scientifique inédite sur l’agate. Précieux manuscrits autographes.

Genlis manuscrit

 

« Cet ouvrage-ci est d’un genre tout à fait différent ; c’est le fondement d’un grand édifice, tout son mérite doit consister dans sa solidité » (Préface, p. 26).

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Stéphanie Félicité du Crest, Comtesse de Genlis (1746-1830). L’Isle des enfans. Histoire véritable. [ca. 1799]. Manuscrit autographe in-4° de 56 pp. non numérotées, bi-feuillets repartis en 3 cahiers. [Avec :] « Réflexions sur la manière dont se forment les agathes et autres pierres herborisées, et sur la prétendue palingénésie des cendres de fougères. » [ca. 1800]. Manuscrit autographe de 6 pp. ½ numérotées, bi-feuillet in-4°. Et un extrait de Zoraïde, conte, 13 lignes manuscrites autographes sur une p. in-16.

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Manuscrit autographe, raturé et corrigé, extrait de la Nouvelle Méthode d’enseignement, pour la première enfance, publié à Hambourg et Brunswick, chez Fauche, en 1799 et à Besançon, chez Métoyer aîné, Imprimeur-Libraire, Grande-Rue, n° 480, an VIII [1800]. Ciranescu cite seulement l’édition de 1801 chez Maradan, édition augmentée de quatre « Dialogues ».  

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Le conte est complet, précédé de la fin du « Dialogue X » (à partir de « promener par le plus beau temps du monde ») et du « 11ème et dernier Dialogue, les jeux d’enfans » dans sa totalité, et suivi du début de la première des « Pensée et Maximes détachées » (jusqu’à « … son élève dès sa 1ère enfance. En effet… ») le manuscrit correspond aux pp. 170 à 281 de l’édition de Besançon.

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Les jeux d’enfants consistent à « jouer à la Madame », véritable apprentissage du rôle de maitresse de maison et de mère de famille.

L’Ile des enfants est un conte moral et pédagogique, ouvrage de prédilection de Madame de Genlis, inspiré par Daniel Defoe et quelques années avant Le Robinson suisse. Près de Varsovie, le comte de Sulinski coupe les arbres d’une île, terrain de jeux de ses quatre enfants, afin de permettre aux villageois de se réchauffer. Le comte fit don de l’ile aux enfants en remerciement de leur sacrifice ; ils en firent un lieu d’accueil pour les plus démunis et les orphelins, s’organisant en société fondée sur le travail de tous, l’instruction, la paix la vertu et la morale. Sorte de Sa Majesté des mouches optimiste.

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Les Réflexions sur la manière dont se forment les agathes et autres pierres herborisées, et sur la prétendue palingénésie des cendres de fougères sont inédites à notre connaissance. Elles sont précédées de la mention : « Mémoire inédit réservé pour cette édition ».  Or, elles ne figurent ni dans l’édition de Besançon, ni dans celles de Maradan (1801 et 1807) pour lesquelles elles furent probablement réservées. En effet, Madame de Genlis évoque le marchand de couleurs Antheaume, actif à Paris de 1800 à 1809 ; de fait, notre manuscrit date vraisemblablement de cette période, postérieure aux éditions de 1799 et 1800 de la Nouvelle Méthode d’enseignement, pour la première enfance.

Madame de Genlis remarque qu’« il est […] très préjudiciable à l’avancement des sciences de confondre les Loix invariables de la nature avec les effets du hazard ; c’est donc une chose utile de détruire une erreur de ce genre, et c’est ce que je me propose de faire relativement aux pierres herborisées et à la prétendue palingénésie des cendres de fougère, que l’on  ne considère que comme un phénomène isolé et qui n’est comme on le verra que l’effet d’une loi fixe et générale ». Elle s’engagera dans des descriptions minutieuses, à l’exemple de Bufon ; elle différencie les « dendrites ou pierres herborisées ou arborisées », jeux de la nature, des « herborisations », qui ne sont point le fruit du hasard, car parfaites et multiples. Elle expose ensuite des « Observations générales que tout le monde a pu faire » : formation systématique de la « gelée blanche » [le givre] et de l’« arbre de Diane » [amalgame dendritique d’argent cristallisé, obtenu à partir de mercure dans une solution de nitrate d’argent]. Madame de Genlis présente ensuite des « expériences particulières » : herborisation de l’agate recrée grâce au mélange de carmin avec du blanc de plomb gommés, du massicot avec de l’encre de chine, des résidus de lait sur la paroi d’un verre. « L’herborisation des pierres se faisant ainsi dans la terre, n’est l’effet que d’un seul hazard, celui de la rencontre de deux substances fluides, de couleurs différentes s’unissant ensemble […] la substance la plus pesante formerait toujours le fond. » Puis Madame de Genlis loue la qualité des préparations d’Antheaume, marchand de couleurs pour la miniature, à Paris. « Je ne me sers que de ses couleurs ; le blanc de plomb d’angleterre, et en général tout celui du commerce est excessivement grossier en comparaison de celui d’Anthéaume, ainsi que la couleur nommée massicot [jaune] ». Ensuite, elle adapte ses conclusions concernant l’herborisation des agates à « la prétendue palingénésie des cendres de fougères », phénomène relevant des mêmes lois, critiquant au passage Valmont de Bomare. Enfin, elle envisage encore une expérience : tenter le mélange des matières vitrifiées et métalliques, l’herborisation étant peut-être empêchée par la chaleur violente de la fusion ; « ce serait un essai à faire, et s’il réussissoit on auroit véritablement dérobé à la nature non un mystère important, mais l’un de ses plus jolis secrets. » 

Comtesse de Genlis manuscrit autographe

Notre court manuscrit de Zoraïde correspondant aux pp. 36-37 du Voyage poétique d’Eugène et d’Antonine, Paris, Maradan, 1818. Notre manuscrit présente des variantes.

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Manuscrit rare et précieux

4 000 €