State of the [British garrison]. St Helena. [États du personnel militaire anglais à Sainte-Hélène]. Sainte-Hélène, 17-29 novembre 1816. Manuscrit anonyme [officier supérieur ?] in-16, en anglais, de 34 pages non chiffrées, rédigé d’une fine et élégante écriture à l’encre brune et rouge et complété au crayon gris, sous forme de tableaux ou de colonnes, suivies de 8 feuillets blancs. Petit carnet cousu (11 x 7 cm), fine couverture muette, tête dorée.
État-major général (le lieutenant-général Lord Hudson Lowe chevalier de l’Ordre du Bain, gouverneur, le général de brigade G. K. Bingham, chevalier de l’Ordre du Bain, etc.) ; états numériques des sapeurs-pompiers, artilleurs, dragons légers, corps de l’état-major, bataillons d’infanterie, médecins, classés par grade et par date d’affectation ; états nominatifs d’artisans des divers corps (menuisiers, scieurs, peintres, maçons, forgerons, charrons, armuriers, briquetiers, etc.) avec, au crayon gris, les officiers qui les emploient ; états nominatif et numérique des malades, invalides et pensionnés militaires de l’île…
Le gouverneur Hudson Lowe redoutait fort une tentative d’évasion de son impérial prisonnier.
Le 15 novembre 1816, veille de notre manuscrit, Las Cases écrit dans son Mémorial de Sainte-Hélène : « depuis près de deux mois, le gouverneur ne cesse de remuer le terrain autour de nous : il creuse des fossés, élève des parapets, plante des palissades ; il nous a tout à fait cernés dans Longwood […] ils n’appellent plus Longwood et son écurie que le fort Hudson ou le fort Lowe, et l’Empereur est revenu sur les frayeurs ridicules de sir Hudson Lowe, qu’on nous a assuré se réveiller parfois en sursaut pour rêver à de nouveaux moyens de sûreté. »
Au milieu de notre carnet, sont détaillées pour le 28 novembre, les Gardes à cheval, avec le nombre de sentinelles fournies par chaque Garde, et des précisions sur les corps d’origine et les postes.
« Detail of Guards Mounted Daily, with the number of Sentries furnished by each Guard. St Helena 28 Nov. 18th. » Le 2e bataillon du 53e régiment a fourni à la résidence de Napoléon, Longwood House, des sentinelles (9 le jour, 15 la nuit), 1 subalterne, 1 sergent, 3 caporaux, 1 tambour, 42 soldats, soit 72 hommes !
Tandis que le 2e bataillon du 66e régiment n’en fournissait qu’une vingtaine à la résidence du gouverneur, Plantation House : 3 sentinelles de jour et 3 de nuit, 1 sergent, 1 caporal et 12 soldats. Tous les points de gardes de l’île sont détaillés.
Ce jour du 28 novembre, 240 hommes étaient mobilisés ! en raison probablement de l’arrestation de Las Cases avec son fils, le 25 novembre, pour avoir tenté de faire sortir clandestinement de l’île une lettre adressée à Lucien Bonaparte.
Ils furent logés sous bonne garde à partir du 28 novembre à Ross Cottage, maison de William Balcombe.
« Aujourd’hui 28, écrit Las Cases dans son Mémorial, nous avons été tirés de notre misérable cahute et transférés à une petite lieue de là, dans une espèce de chaumière de plaisance appartenant à M. Balcombe. […] Nous étions gardés par un détachement du 66e ; un grand nombre de sentinelles veillaient sur nous et défendaient nos approches. Un officier y était à nos ordres. » Le seul détachement conséquent du 66e, 38 hommes et un officier, est consigné « Main Guard ». Napoléon tenta de sauver Las Cases par l’entremise du docteur O’Meara, sans résultat. Le comte embarquera le 30 décembre à destination du royaume de France, quittant à jamais son Empereur.
Les deux pages centrales sont brunies, dû probablement à une exposition, comme le laisse à penser deux traces de point de colle et une fine bande de papier japon à la couverture ; petites fentes au dos de la couverture.
Document exceptionnel.
7 000 €