Pierre-Marie GAULT DE SAINT-GERMAIN (1757-1848). Recueil de Lettres sur les Départemens de la Creuse et du Puy-de-Dome. Frontispice gravé de l’auteur, titre, [3] pp. [suivi d’un second titre :] Vues Générales sur la Géographie physique, l’histoire naturelle, les Antiquités du département de la Creuse avec quelques figures de mon crayon. Guéret, décembre 1809-juillet 1810. Manuscrit autographe signé. In-4° sur papier vergé réglé. Titre, 111 pp., 16 pp. de gravures et dessins contrecollés, et 1 grande carte à la plume dépliante reliés à la fin. Demi-basane verte de l’époque, dos romantique, pièce de titre en maroquin rouge.
L’un des premiers, si ce n’est le tout premier, ouvrages encyclopédiques sur la Creuse, cette ancienne province de la Marche, plongée, d’après GAULT DE SAINT-GERMAIN, dans l’apathie depuis des siècles (p. 69).
Manuscrit publié très partiellement sous le titre de Lettres inédites sur la géographie, la physique, la topographie, l’histoire naturelle, les antiquités et les hommes illustres de la ci-devant province de Marche, écrites en 1809 et 1810 par M. Gault de Saint-Germain, peintre, publié à Clermont-Ferrand chez A. Veysset, en 1861, in-12 de 68 pp. (Bibliothèque de l’Arsenal, Paris, cote 8-NF-71795).
Richement illustré de quatorze dessins et une carte autographe de grand format, tous originaux de la main de GAULT DE SAINT-GERMAIN, un portrait de l’auteur lithographié par ROUARGUE, quatre estampes collées, et diverses coupures de presses sur les intempéries collées sur les premières gardes. Le manuscrit présente quelques ratures et biffures, ainsi que des annotations marginales de l’auteur.
« Chercheur acharné, historien avisé, […] et passionné des arts » d’après Camilla MURGIA, Pierre-Marie GAULT DE SAINT-GERMAIN mena de front une carrière de peintre, d’écrivain et de professeur. Elève de DURAMEAU, Louis XVI lui avait acheté en 1789 Vue du Port et de la rade de Moka, et de 1791 à 1801, « il exposa au Salon de bons paysages » (Bénézit) ; il publia un assez grand nombre d’écrits sur le dessin et la gravure, a donné des articles au Journal des Beaux-Arts et à beaucoup de périodiques tout en rédigeant une Vie et Œuvres de Nicolas Poussin et en publiant une nouvelle édition des Lettres de Madame de Sévigné ; enfin, ayant fui Paris sous la Terreur se réfugier à Clermont-Ferrand, il y enseigna le dessin à l’École centrale de 1792 à 1794, fût conservateur des monuments historiques du département du Puy-de-Dôme de 1794 à 1796, et après un retour à Paris dès 1797, partit enseigner le dessin à Guéret de 1809 à 1810, séjour durant lequel il rédigea notre manuscrit, une description exhaustive de la Creuse, sous forme épistolaire fort à la mode, dans l’esprit de l’Encyclopédie. D’une grande érudition, émaillées de réflexions pertinentes et de citations, ces lettres, fort vivantes, adressées à Madame xxx [Madame BEAULATON, dont il avait fait le portrait au pastel vers 1792, femme d’un juge membre de l’Académie de Clermont-Ferrand] se lisent avec intérêt, illustrées de gravures et de délicats lavis que l’auteur avait soigneusement réalisés dans son carnet lors de ses pérégrinations (Guéret, Jouillat, Aubusson, Bourganeuf, Châteauneuf, flacons, cuiller, costumes, paysages ou scènes de genre), achevant son ouvrage par la magnifique grande carte dépliante de la Creuse qu’il a dessinée à la plume et au lavis, représentant minutieusement villes antiques, sépultures, châteaux, monastères, abbayes et prieurés, ainsi que les voies romaines et les ressources minéralogiques, avec, dans la marge, la liste et la localisation des tribunaux, prisons, hospices, gendarmerie, collèges et ponts.
Notre manuscrit est celui auquel G. Grange fait référence dans sa note liminaire à l’édition des Lettres inédites sur la géographie, la physique, la topographie, l’histoire naturelle, les antiquités et les hommes illustres de la ci-devant province de Marche, écrites en 1809 et 1810 de 1861. « Dans un premier volume écrit sur l’Auvergne, […], cet auteur annonçait, comme complément de son Ouvrage, une seconde partie traitant de l’histoire de la Marche, avec quelques dessins faits par lui, d’après nature. Quelques recherches que nous ayons faites jusqu’à ce jour, il nous a été impossible de découvrir ce manuscrit. C’est donc pour conserver aux amateurs ce curieux document, (dont nous regrettons vivement les planches), que nous publions ce qu’il nous en reste. »
En fait, seules les lettres II et III (pp. 9 à 21) de notre manuscrit sont éditées (pp. 6 à 35), sans de nombreuses notes du manuscrit, et avec quelques paragraphes retranchés (pp. 32 et 33 du ms) ou ajoutés (pp. 34 et 35 de l’imprimé). En outre, la 1ère lettre de l’imprimé, du 18 novembre 1809, ne figure pas dans le manuscrit ; elle cite des éléments et quelques détails tels auberges, manufactures, patois, « pont du Diable » ou costumes, empruntés aux p. 55 à 58 du manuscrit. Bien entendu, les dessins originaux sont restés inédits.
La 1ère lettre, non paginée, adressée de Guéret, le 19 juillet 1810, sert d’introduction : « Le manuscrit qui suit est la copie du double de mes lettres autographes que vous avez sous vos yeux, et de la plume d’un malheureux qui étoit sans pain ». L’auteur y rappelle les grandes lignes de son ouvrage : malgré l’obscurité politique du département, la tristesse et la monotonie de ses montagnes peu attrayante, son peu d’intérêt historique, la Creuse « a comme tout autre ses richesses territoriales ; il [le département] a ses montagnes, ses carrières, ses mines, ses paturages, ses bestiaux ; il a ses plantes, ses étangs, ses rivières, ses poissons, ses animaux, ses volatiles, ses insectes particuliers ; il a aussi ses sujets remarquables – dans la nécrologie des indigènes. Sa population y est considérable pour l’étendu de son territoire. Les habitans y sont portés au commerce et à l’agriculture et il ne leur manque qu’une parfaite connaissance du sol qu’ils cultivent pour en vaincre les obstacles comme pour en saisir les avantages. » Il fait donc des vœux « pour que vous accueillez favorablement les vues et les idées que j’ai hazardés sur une des contrées de la France la plus ignorée, peut-être, jusqu’à présent. »
La pagination a été revue vraisemblablement par l’auteur, la précédente biffée, avant de confier son manuscrit au relieur dont le couteau a rogné certaines de ces nouvelles paginations. Le texte manuscrit est passé de 160 à 104 pp., auquel l’auteur a ajouté les notes et les illustrations. La continuité du manuscrit n’est pas affectée, bien que les lettres V à VII indiquées dans la Table aient été retirées ; elles traitaient de la zoologie, l’agriculture, l’économie rurale et l’élevage (Lettre V), l’ornithologie en générale et celle de la Creuse en particulier (Lettre VI), et enfin les reptiles, poissons, insectes et cours d’eau du département (Lettre VII).
I. Route de la Sablière de Guéret à la Châtre, nature du sol, géologie ; monument de Joulliat [pour Jouillat], avec dessin du château p. 114 ; l’araire et la charrue, le climat insalubre et la nature viciée de l’air provoquant nombre de maladies ; végétation triste et uniforme ; beau point de vue sur les montagnes de Saint-Vaulry.
II. Mauvaise qualité de la terre végétale, (« le sol, les plantes, les hommes, les animaux, en un mot jusqu’à la vie champêtre, tout manque de couleur, de phisionomie et de caractère »), observations météorologiques sur Guéret et ses environs, sa situation topographique ; effets des météores aqueux sur les montagnes, leur influence sur les habitants qui sont « d’une stature médiocre, ils ont les épaules étroites, les jarrets ployants sous le genou et fatiguent aisément sous le poids du travail ; cette constitution dégénérée est remarquable sur les conscrits ; quoique jeunes, ils sont grêles, un peu voutés et sans ardeur ; rarement ils produisent de beaux hommes aux armées. » Observations de CASSINI et de M. de LAMBRE sur la tour de Sermur, phénomènes curieux sur les courants d’air (faubourg de l’Etang jusqu’à mi-chemin du bois de la Rode), avec une belle digression sur les représentations artistiques des halos ; enfin, il évoque les violents contrastes météorologiques (orages, foudres, ouragans, etc.) et les météores.
III. Histoire ancienne et moderne du département. (Il déplore l’absence de bibliothèque monastique à Guéret). Les plus anciens monuments, avec leurs inscriptions, ses sépultures et objets funéraires (La Souterraine, Ahun, La Courtine), les voies romaines et les camps de César, les antiquités religieuses (monastère de Saint Pardoux).
Enfin, les monuments de Guéret : « Le caprice ou le besoin ont été plus consultés que l’art dans l’ensemble de la ville de Guéret et même sur ses monumens qui n’ont ni apparence, ni dignité, ni goût tant en dehors que dans les distributions intérieures. L’église paroissiale est une carrière de pierres, grossièrement ornée. Le Palais et la chambre du Tribunal rappellent plutôt une communauté de Marchands que le siège de la justice. Les fontaines publiques ressemblent aux petites guérites des sentinelles. » Il décrit ensuite le château, extérieur et intérieur, puis l’hôtel de la préfecture et le collège, l’hospice de Guéret qui peut contenir 300 malades, son organisation et fonctionnement, et ceux du département, enfin les prisons « autrefois si malsaines à Guéret, ont été réparées, agrandies, entourées de cours aérées, où les prisonniers des deux sexes peuvent se promener séparément ; ailleurs elles sont restées dans un état d’insalubrité qui fait frémir l’humanité » sauf celle de Bourganeuf, plus spacieuse et mieux aérée. Suit un « Tableau des hommes célèbres de la ci-devant province de la Marche », du XIIIe siècle à la fin XVIIIe.
IV. Fouilles de Boussac (1782-1783), bains antiques de Fades et sa légende, les eaux minérales de la Creuse (Evaux, avec description, Blessac et Mallereix), antiquités d’Aubusson, forteresse de Crozant, petite et grande Creuse.
V. Seule subsiste la note p. 110 sur les « Ouvriers de la Creuse ». Il regrette que l’on confonde les Marchois et les Limousins et l’avis défavorable qu’ont porté les écrivains à leur sujet : « Ils sont lourds dans leur manière de vivre, sales en leurs meubles et leurs tables, sordides en ménage, épargnants et un peu chiches, grands mangeurs de pain, superstitieux, assez rudes, superbes et glorieux. »
VIII. Mœurs et usages du département. Guéret « n’a ni spectacles, ni fêtes publiques, ni Société », « qu’aurois-je à puiser dans des réunions de table, de jeu et de médisance ? des ridicules ? ». Il fustige l’illettrisme du département (30 maîtres de lecture et d’écriture pour 293 communes dont un tiers des maires ne savent pas lire) ; cette ignorance entretient la pauvreté, la misère et tue l’industrie. Il décrit une métairie, modèle « du vice de l’architecture rurale », puis les Creusois : « pas d’un naturel fort courtisan, ils sont généralement bons pères de famille, bons époux, mais ils portent sur leur phisionomie au sein du ménage un air de dédain qui semble avertir les femmes qu’elles sont esclaves. Ils sont excessivement interessés, peu hospitaliers et ne fêtent les étrangers qu’autant qu’ils ont quelque chose à en espérer. Ils sont prompts à décider et lents à agir, très religieux et souvent dévots jusqu’à la superstition. ».
Il évoque les fêtes villageoises, leur appétit pour le pain, les pratiques thérapeutiques désastreuses, les funérailles et le deuil, les cérémonies de mariage selon les régions du département, la danse « lourde et maussade, leur musique est aigre et monotone […] Les bourées d’Auvergne sont méconnoissables quand les Marchois les dansent », le costume qui « n’a rien de remarquable » [illustré p. 125] et le port du sabot. Enfin, il fait état de la découverte à Guéret de sépultures antiques contenant des flacons [ill. p. 119] dont il a recueilli le baume, et d’une petite cuiller à l’usage des sacrifices antiques [ill. p. 129].
IX. L’industrie, les manufactures et le commerce. Aubusson [avec illustrations] et sa « manufacture de Tapisserie de haute-lisse » en perte de vitesse ; il déplore l’absence d’une école de dessin « du sein de laquelle sortirait bientôt une pépinière d’ouvriers qui rendroit à leur manufacture la célébrité qu’elle a perdue » ; cependant il note que le goût pour l’art de la tapisserie ne se perd point à Aubusson et que « l’émulation renait parmi ses fabricants, mais qu’ils songent que pour obtenir les suffrages et du débit, il faut qu’ils travaillent à se placer sur la ligne des progrès qu’ont atteinte les arts depuis vingt ans. »
Il parle de la direction de l’entreprise, et du dynamisme d’Aubusson qui « a eu le bon esprit d’élever et d’entretenir une brasserie et c’est la seule ; elle fabrique environ 250 feuillets de bière par an. » Il aborde ensuite Bourganeuf et ses papeteries, celles de Felletin et de Saint-Quentin, avec leurs défauts de papier, l’échec de la papeterie de Pont-à-la-Dauge. Il note la mégisserie peu développée ; la production de bas tricotés (avec description des ouvrières), de la toile (production majeure du département), de la draperie (étoffes grossière), de la chandelle (défectueuse), poterie (Saint-Loup, grossière), chapellerie, verrerie (Coupie). Il décrit ensuite les foires et marchés (plus de 300), le commerce des denrées (blé, seigle, sarrasin, avoine, orge, lentilles, châtaignes dont le peuple souffre beaucoup quand elles manquent, légumes et fruits). Il évoque l’apiculture, mal maitrisée. Il aborde ensuite les voies de communication, source de développement industriel (pont du Diable à Anzême), puis le patois (avec une chanson de FOUCAUD). Enfin, il relate une procession menée par M. DELILLE, curé de Guéret, avec son festin champêtre.
X. Production minéralogique. Granit de qualité, quartz fort répandu, schiste micacé, gisements de fer, pierre meulière, cristaux de roche, roches magnésiennes couvertes d’une sorte de lichen, l’orseille (qui « macérée avec de l’urine et réduit en pâte donne l’écarlate, le violet et le bleu »), terres argileuses (à ce sujet, il déplore l’usage du « verre métallique pour vernir les poteries propres à la cuisson des comestibles ; ce vernis soluble dans les graisses et les acides est infiniment dangereux »), la stéatite (pouvant remplacer le savon). Il évoque ensuite la production de houille à développer : « le défaut de consommation et de communication est la principale cause des lenteurs et des faibles moyens qu’ils [les Creusois] employent pour exploiter leurs mines », les mines d’antimoine. Puis il regrette le peu de goût des Creusois pour les sciences, les arts et les lettres : « la ville capitale semble même les repousser. J’ai tenté plusieurs fois d’y inspirer le goût d’une Société littéraire, mais la plus petite réunion à cet égard paroit comme impossible. » Guéret a tout de même ses hommes de mérite, et il en cite plusieurs (JOULIETTON, MICHELET, GRAND, DUPUIS). « Il y a deux imprimeurs environ dans le Département, je n’y connois pas un seul libraire. » Concernant la vaccination, la pratique s’en propage avec empressement. En post-scriptum, il décrit un nouveau flacon antique découvert et dont il a fait brûler les grains d’encens et d’aubépine qui ont embaumé sa chambre.
XI. La végétation, la flore, les arbres, les fruits et légumes.
En post-scriptum, il décrit le camp des prisonniers espagnols à Joliet près de Guéret, sur la route de Moulins [avec illustration p. 135]. « C’est un spectacle hideux que les prisonniers de cette nation campés sous des méchantes cahuttes, construites tout exprès pour eux et afin de garantir la ville des épidémies dont ils infectent l’air, partout où ils passent, et arrêter un fléau dont beaucoup de personnes ont été victimes avant cette précaution. Ce camp, Madame, est un rassemblement de spectres ambulans qui promènent la misère et la mort sur un vaste cimetière. Les illuminations des feux de la St Jean détournent ma vue de ce tableau qui fait frémir l’humanité. » Il déplore que ces réjouissances de la St Jean tombent en désuétudes, abandonnées aux enfants « qui souvent, sans qu’on s’en doute, conservent dans leurs jeux les plus antiques usages ».
Sur un béquet, figure la « suite de l’observation sur les montagnes » concernant les prétendus volcans de la Creuse, théorie que réfute Gault.
Suivent ensuite le « Programme de la carte du Département de la Creuse », la Table et une page d’omissions.
7 pp. de notes sur papier fin (pp. 105 à 112) remplaçant des notes de bas de page revues et corrigées précèdent les dessins de l’auteur légendées à la plume :
« La Ville de Guéret prise sur la route de Moulins », « Joulliat, château situé à mi côté des montagnes qui séparent l’ancienne Marche d’avec le Berry », « Château d’Aubusson tel qu’il étoit en 1646 lorsque Louis XIII en ordonna la démolition », « Flacons d’argile trouvés dans les anciennes sépultures découvertes à Guéret le 7 de mai 1810. Les plus grands ont 5 pouces », « Salle de spectacle de la ville de Guéret », [paysage géologique, non légendé], « Costume des hommes de la Marche », « Château de Bourganeuf, La tour de Zizime est à gauche », « Usine aux environs de Guéret », [une cuiller], « Chateauneuf sur la rivière de Cher, la ville divisée en haute et basse forme une espèce d’amphithéâtre dont le château occupe la partie supérieure. Il a été bâti par Guillaume de l’Aubespine, seigneur du lieu jadis », « Pont sur la rivière de Cher à Châteauneuf », « Etude d’après Nature près de Crosant. L’aqueduc est ajouté », « Camp des prisonniers espagnols à Joliet près de Guéret », et « Carte du département de la Creuse, dressée par l’auteur pour sa correspondance ».
Hœfer, Nouvelle Biographie générale, t. XIX, pp. 666-667 ; Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, t. IV, p. 642 ; voir sur l’auteur : C. Murgia, Pierre-Marie Gault de Saint-Germain (c.1752-1842): Artistic Models and Criticism in Early Nineteenth-Century in France, Oxford University, Department of Art History, 2008 (thèse de doctorat), et Pierre-Marie Gault de Saint Germain (1752-1842) and the practices of collecting during the early 19th century in France publié en 2018.
Enrichi de 4 documents autographes signés.
● Pierre-Marie GAULT DE SAINT GERMAIN. Lettre autographe signée, Guéret, 27 décembre 1809. « a Madame Beaulaton ». 7 pp. ½ in 4°.
1ère version de la lettre I du manuscrit, avec quelques variantes.
● Pierre-Marie GAULT DE SAINT GERMAIN. LAS « Gault », Paris, 17 fructidor an 10 [4 septembre 1802], « au citoyen Chaptal, ministre de l’intérieur ». 2 pp. in-4°.
Il demande un emploi dans un lycée et l’avance de 400 livres pour l’aider à assumer les frais de publication de son ouvrage Tableau de la ci-devant province d’Auvergne paru cette année-là chez Pernier.
« J’attends avec résignation votre décision […] portant 1° d’être inscrit sur la liste des candidats qui doivent occuper des places dans les lycées. 2° un secours par forme d’indemnités que vous m’avez fait espérer a raison des sacrifices que j’ai fait pour rendre service au gouvernement et aux administrations.
J’ai cru la publication de mon ouvrage sur les Antiquités de la Ci-devant province d’Auvergne utile pour faire connoître les richesses nationales en ce genre. Mes travaux a cet époque m’ont couté des sacrifices incalculables de presque la Vie ; vous avez daigné les accueillir avec bonté et j’ai une trop haute opinion de votre justice et votre humanité pour ne pas avoir la plus grande confiance dans ce présage de bienveillance et dans les promesses obligeantes d’intérêt et de protection dont vous m’avez honoré.
Je suis tellement persécuté dans ce moment pour satisfaire aux dépenses que m’ont occasionné les frais d’impression de de gravures pour cet ouvrage, n’ayant d’ailleurs d’autres ressource que dans la vente pour faire honneur aux engagemens que j’ai pris ; a cet égard je compte sur vos bontés pour m’aider dans cette circonstance.
Si vous ne jugez a propos de m’accorder la grace que je vous demande, Citoyen, avancé moi la somme de quatre cent livres et le libraire Pernier, versera dans votre caisse cette somme au fur et a mesure que les fonds lui rentreront par la vente de l’ouvrage. Ce bienfait signalé m’aidera pour le moment et me retirera du précipice ou je suis prêt de tomber.
Procuré vous, Citoyen Ministre, la douce satisfaction de venir au secours d’un père de famille qui a tant de titre pour mériter vos égards. »
● Avec le brouillon de la réponse, signé J. v. S., Paris, vendémiaire an 11 [septembre-octobre 1802], au Citoyen Gault, rue des Sts Pères, n° 73. 1 p. in-8°.
Sa demande d’une place dans un lycée sera prise en considération, en revanche, pour l’indemniser des dépenses qu’a occasionné la publication de son ouvrage, il n’a aucun fonds dont il puisse disposer « pour ces sortes d’objets ».
● Pierre-Marie GAULT DE SAINT GERMAIN. LAS, sans lieu, 25 juin 1831, à « Monsieur Fournerat, substitut du Procureur du Roi, rue de Doyenné n°3 ». 1 p. in-8°, adresse autographe au verso.
Très fatigué, il ne lui rendra pas visite avant son départ.
« Je suis garde malade, accablé d’infirmités plus graves a cause de l’extrême chaleur. Je ne saurois profité du peu de jours qui précèdent votre départ pour vous saluer chez vous. Je vous remercie de votre obligeance pour moi auprès de mon neveu, avare de souvenirs depuis longtemps.
Si la savante Ménagerie des 4 Nations sourioit a votre loisir, je joins a la présente le moyen d’y être introduit.
Je prie Madame Cartier d’agréer l’hommage de mon respect, ainsi que vous, Monsieur, en me disant l’homme du monde le plus dévoué a vous être agréable. »
Charles FOURNERAT (1780-1867), procureur impérial à Mantes-la-Jolie, fut député de Seine-et-Oise en 1815, pendant les Cent-Jours. Rallié à la Restauration, il est ensuite substitut du procureur du roi à Paris.
Cerne au frontispice, rousseurs à la carte dépliante ; restauration au dos et aux coins.
Ensemble exceptionnel.
4 500 €