L’Automne, mélodie autographe d’Arthur Honegger, « perle » de son cycle des Six poèmes de Guillaume Apollinaire, son premier chef-d’œuvre

Honegger. L'Automne autographe.

 

Arthur Honegger (1892-1955). Automne. Manuscrit musical autographe signé, Zurich, Aout 1915. Noté à l’encre noire sur 2 pp. in-folio à 12 lignes. Titre manuscrit à l’encre bleue, d’une autre main, sur une garde blanche : « Arthur Honegger / Automne / Poème de Guillaume Apollinaire ». Cartonnage rouille à la Bradel, pièce de titre en long en maroquin rouille.

Le cycle des Six Poèmes de Guillaume Apollinaire (H. 12), tirés du recueil Alcools édité en 1913, fut composé entre 1915 et 1917. Chronologiquement, Automne, n° 3 du recueil édité chez Salabert, fut la première des six mélodies, composée durant l’été 1915 passé à Zürich entre deux périodes de service militaire ; elle sera créée le 11 juillet 1916 par Rose Armandie à la salle Œdenkoven à Paris. Marcel Delannoy estime que le compositeur « ne retrouvera pas souvent l’atmosphère d’Automne, avec des moyens aussi simples. » Honegger lui-même déclarera en 1925, dans Dissonances : « Automne […] satisfait aussi bien mon besoin de géométrie que mon besoin d’émotion : j’ai vu ce que je dis, j’ai été ce paysan aux jambes cagneuses d’Apollinaire à l’époque où, sans gloire, sinon sans ennui, je faisais mon service militaire en Suisse ». José Bruyr commente ainsi « ce cri qui est peut-être le premier rapport exact du son et de son âme » : « le tableau est admirablement tracé, de belle couleur sourde, épaisse, ocre et grise. […] En vingt mesures, un chef-d’œuvre – le premier – et qui somme toute n’aura pas d’analogue dans son œuvre. » Harry Halbreich estime lui aussi au sujet d’Automne, « son premier et génial contact avec la poésie de Guillaume Apollinaire », que c’est un « chef-d’œuvre en effet, et si debussyste encore, que cette rêverie envoûtante au balancement modal et syncopé » ; enfin, Pierre Meylan ajoute qu’Automne développe une mélodie mélancolique dont le « désespoir étreint le cœur ». 

Tappolet, Arthur Honegger, La Baconnière, 1957, p. 22 ; J. Bruyr, Honegger et son œuvre, Buchet/Chastel, 1947, pp. 32-33 ; Harry Halbreich, Arthur Honegger, pp. 37, 347, 352-353 et 730 ; P. Meylan, Honegger, L’Âge d’Homme, 1982, p. 22.

Honegger. L'Automne autographe.

Avec un envoi autographe du compositeur à l’encre bleue : « pour ma chère Hilda en m’excusant / son dévoué / AH ». Hilda Gélis-Didot (1890-1952) fut une amie intime du compositeur et la marraine de sa fille Pascale.

Avec une intéressante lettre dactylographiée signée du musicologue Roger Nichols (né en 1939), datée de Kington, en Angleterre, le 30 septembre 1997, adressée à la propriétaire du manuscrit.1 page in-4°.

R. Nichols. Honegger.

Le manuscrit révèle bien une erreur d’impression.

Nichols remercie chaleureusement sa correspondante de lui avoir adressé promptement la photocopie de l’autographe d’Automne. « Je la reçois avec d’autant plus de plaisir qu’elle confirme mes soupçons vis-à-vis un détail du texte imprimé : c’est que, dans la mesure 7, à la main droite de l’accompagnement, à la fin du troisième temps, dans l’accord sur la double croche, on a imprimé un sol – votre manuscrit affirme que cela doit être un fa, comme j’avais toujours supposé, en conformité avec les accords qui l’entourent […] »

Roger Nichols est notamment l’auteur d’un documentaire consacré au compositeur et le traducteur de l’étude sur Arthur Honegger de Harry Halbreich (Hong-Kong, Amadeus Press, 1999).

Honegger. L'Automne autographe.

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