« L’Église royale de Brou » aux armes de Madame de Marsan

Madame de Marsan

 

Eglise de Brou

 

Pacifique [Claude-François] Rousselet. Histoire et Description de l’église royale de Brou, élevée à Bourg-en-Bresse, sous les ordres de Marguerite d’Autriche, entre les années 1511 & 1536. Paris, Desaint et Comte, 1767. In-12 de vii, [1 p. de table des chapitres], 131 pp., [5 pp. d’index et d’approbations]. Maroquin vert de l’époque, dos lisse fleuronné, titre doré, décor à la dentelle sur les plats avec des armes dorées en leur centre, filet doré sur les coupes, roulettes et filet dorés sur les chasses, tabis roses, tranches dorées. (Mors et coins restaurés).

Édition originale, l’ouvrage fut réédité à Lyon en 1788, « ouvrage curieux et plein de recherches » (Fourquet).

L’auteur, franc-comtois né à Pesmes, en Haute-Saône en 1725, Augustin réformé du Couvent Royal de Brou sous le nom de P. Pacifique, fut renommé comme professeur et prédicateur de son ordre. Il fut l’un des premiers membres de la société d’émulation établie à Bourg. A la suppression des ordres religieux, il se retira dans sa famille, à Besançon, où il mourût le 20 août 1807.  

Aux armes de Madame de Marsan (1720 – 1803), qui fut la gouvernante des enfants de France, le futur Louis XVI, ses frères et sœurs, de 1754 à 1776.  

Armes de Madame de Marsan

Marie-Louise-Geneviève de Rohan-Soubise, arrière- petite-fille de Charles IV de Lorraine et de Béatrix de Cusance, avait épousé Gaston de Lorraine, comte de Marsan (1721–1743). Ainsi que son mari, elle était alliée aux Habsbourg-Lorraine. Comme notre auteur né dans le baillage de Gray, elle était franc-comtoise par sa grand-mère, Béatrix de Cusance (Château de Belvoir, 1614 – Besançon, 1663), et baronne de Belvoir, dans le Doubs. 

L’ouvrage parait alors que le royaume de France, face à la puissance de l’Angleterre et de la Prusse, s’est lié à l’empire d’Autriche par le traité de Versailles signé en 1756 et se rapproche du duché de Savoie. Le mariage du dauphin, futur Louis XVI, avec Marie-Antoinette d’Autriche avait été décidé dès 1766 avant d’être célébré en 1770 tandis que les deux frères, Provence et Chartres, futurs Louis XVIII et Charles X, épouseront les deux sœurs de Savoie, Marie-Joséphine et Marie-Thérèse en 1771 et 1773, suivis par les noces de Clotilde de France avec le duc de Savoie Charles-Emmanuel IV en 1775. Ce rapprochement de la France avec l’Autriche devait réjouir Madame de Marsan, elle-même, ainsi que feu son mari, étant alliés aux Habsbourg-Lorraine. Dans ce contexte, l’Histoire et Description de l’église royale de Brou, exalte les maisons des Habsbourg et de Savoie, mettant en lumière ce chef-d’œuvre d’une princesse amoureuse, la très puissante archiduchesse Marguerite de Habsbourg (1480-1530), archiduchesse d’Autriche, duchesse de Savoie, gouvernante des Pays-Bas bourguignons, fille de l’empereur Maximilien Ier, marraine et tante de Charles Quint. Elle fit construire l’église royale de Brou, chef-d’œuvre de l’art gothique flamboyant flamand, à Bourg-en-Bresse, alors l’une des capitales de la Savoie, en mémoire de son époux le duc de Savoie Philibert le Beau, mort en 1504, âgé seulement de 24 ans, auprès duquel elle reposera à sa mort, sans s’être remariée, fidèle à jamais.

Quel plus bel exemple d’amour et de fidélité donné par une exceptionnelle princesse de la maison de Habsbourg pour son défunt mari le duc de Savoie, Madame de Marsan pouvait-elle offrir aux enfants de France, en outre si flatteur pour sa maison ?   

L’exemplaire à ses armes n’en est que plus exceptionnel.

Armes : O. H. R., pl. 55, fer n° 2. Auteur : Michaud, Biographie universelle, t. XXXIX, p. 162 et Fourquet, Les Hommes célèbres et les Personnalités marquantes de Franche-Comté, p. 174.

Vendu