Le puissant sultan du Maroc Moulay Ismaïl (مولاي إسماعيل) amoureux de la fille de Louis XIV, Mademoiselle de Blois

Muley Ismael et Mademoiselle de Blois

 

[Casimir Freschot]. Relation historique de l’Amour de l’Empereur de Maroc, pour Madame la Princesse Doüairiere de Conty, ecrite en forme de Lettres à une Personne de Qualité, par Mr. le Comte D.***. A Cologne, Chez Pierre Marteau, 1707. Petit in-12 de 139 pp. Veau blond, dos à 5 faux-nerfs orné de filets dorés, pièce de titre en maroquin rouge, triple filet doré d’encadrement sur les plats avec des armoiries au centre, filet doré sur les coupes, chasses ornées, tranches dorées (reliure mi-XIXe s.).

Moulay Ismael amoureux de Mademoiselle de Blois, fille de Louis XIV

Rare édition originale de cet ouvrage épistolaire qui évoque l’histoire authentique de l’amour passionné que la princesse de Conti, Marie Anne de Bourbon, dite « Mademoiselle de Blois », (1666-1739), « merveille de Versailles, prodige de beauté », fruit des amours de Louis XIV avec Madame de La Vallière, avait fait naitre dans le cœur du puissant roi du Maroc Moulay Ismaïl (1645-1727), « le despote le plus sanguinaire de son temps », à la vue de son portrait.

Moulay Ismael amoureux de Mademoiselle de Blois, fille de Louis XIV

Le Sultan, soucieux également de renforcer les relations diplomatiques et économiques avec la France, caressa un projet de mariage et entama des négociations auxquelles le comte de Pontchartrain, secrétaire d’État à la marine, ne crut pas devoir répondre, arguant du fait qu’il n’osa pas montrer des lettres si peu conformes aux mœurs des deux nations. Pour consoler Moulay Ismaïl, Louis XIV lui envoya, à défaut de sa fille, quatre horloges comtoises qui plurent tant au souverain chérifien qu’il les fit disposer autour de son mausolée. « These letters are founded on the historical fact that Moulai Ismail had the effrontery to ask in marriage Mdlle. de Blois,  […] an incident which sent half the writers of Versailles into verse and epigram » (Playfair).

Une autre édition parut la même année, imprimée en gros caractères, de 256 pp.

Ce récit laisse penser que les onze lettres signées N.N. sont de Freschot car il a signé un autre ouvrage de ces mêmes initiales et le style employé est semblable.

Exemplaire au chiffre héraldique d’Adolphe Audenet (1800-1872), banquier, juge au Tribunal de commerce de la Seine, administrateur de L’Urbaine, compagnie anonyme d’assurance, et de la Compagnie [financière] des quatre canaux.

Chiffre d'Audenet

Abonné à la Bibliothèque de l’École des chartes, il était membre de la Société de l’Histoire de France. Guidé par Techener père, Audenet forma une des plus intéressantes bibliothèques de son temps qui fut vendue en 1841 en 21 vacations. Les volumes les plus précieux de sa bibliothèque portaient sur les plats deux A entrelacés, accompagnés de trois étoiles, deux en chef, une en pointe ; l’écu surmonté d’un casque grillé, taré de fasce et entouré de lambrequins. Audenet ne tarda pas à reconstituer une nouvelle bibliothèque. Elle n’eut pas l’importance de la première, mais se recommanda par un choix d’ouvrages d’histoire et de littérature, et surtout par leur habillement, les livres que lui-même avait fait relier étant frappés de son chiffre héraldique. Elle fut dispersée du 9 au 14 février 1874, après sa mort.

Quelques rares épidermures à la reliure.

Brunet, Manuel du libraire, t. IV, col. 1207 et 17297 [Romans historico-satiriques, relatifs aux amours de plusieurs grands personnages des temps modernes, ed. datée 1700] ; J. Gay, Bibliographie des ouvrages relatifs à l’amour, t. VI, p. 203 ; Playfair, A Bibliography of Morocco, n° 318.

Rare édition originale à la prestigieuse provenance.

2 200 €