Rare Atlas Tanner de 1844

Atlas Tanner. République du Texas

 

Henry Schenck Tanner. A New Universal Atlas, containing Maps of the various Empires, Kingdoms, States and Republics of the World. With a special map of each of the United States, plans of cities, &c. Comprehended in seventy sheets and forming a series of one hundred and seventeen maps, plans and sections. Philadelphia, Carey & Hart, 1844. In-folio de 2 feuillets blancs, frontispice, titre gravĂ©, [4] pp. (notice et table), 72 planches [dont le frontispice] gravĂ©es et finement aquarellĂ©es (conforme Ă  la table des planches), 2 feuillets blancs. Reliure d’éditeur en demi-basane maroquinĂ©e fauve Ă  coins, dos long ornĂ© de filets dorĂ©s, plats en toile terre de sienne avec le titre dorĂ© « Tanner’s universal atlas » datĂ© 1845 au centre du plat supĂ©rieur.                                             

Rare atlas amĂ©ricain, complet de ses planches finement gravĂ©es et aquarellĂ©es. PrĂ©cieuse et Ă©lĂ©gante Ă©dition soigneusement et entièrement revue, « greatly improved beyond any that has preceded it . A great amount of interesting matter has been added to nearly every part of it, particulary in the geography of our own country, thus rendering it, by the accuracy of  the information contained in the Universal Atlas, the distinctness of the Engraving and the splendour of the Colouring, the most elegant and complete work of the kind that has yet appeared in the United States, and greatly superior in its representations of American Geography, to any similar production published elsewhere », comme le prĂ©cise la notice des Ă©diteurs, datĂ©e de Philadelphie, 25 septembre 1844. Tanner avait publiĂ© son New Universal Atlas en 1836, 1839 et 1842, quand il vendit les planches Ă  Carey et Hart en 1843 (date de la Mappemonde de notre atlas). Il s’agit ici de la première Ă©dition sous leur nom de cet atlas, qui sera suivie d’une seconde en 1845, dans un encadrement diffĂ©rent. Les deux associĂ©s revendront Ă  S. A. Mitchell en 1846, après la mort de Carey le 16 juin de cette annĂ©e. La publication se poursuivra sous divers Ă©diteurs jusqu’en 1859 par Cushing et Bailey, un an après la mort de Tanner, mettant un terme au « Golden Age of American Map Publishing ».

Atlas Tanner 1844

« Tanner a Ă©tĂ© une figure de proue dans l’établissement de la cartographie commerciale en AmĂ©rique et a apportĂ© l’atlas comme une forme cartographique Ă  maturitĂ© prĂ©coce au cours de l’“âge d’or” de la gravure sur cuivre amĂ©ricaine. Il combine les compĂ©tences d’un gĂ©ographe avec celles d’un Ă©diteur et d’un graveur pour crĂ©er des cartes faisant autoritĂ© pendant une pĂ©riode de croissance sans prĂ©cĂ©dent de la connaissance topographique de l’AmĂ©rique du Nord. Il a reprĂ©sentĂ© l’émergence dans le monde des Ă©diteurs amĂ©ricains de cartes spĂ©cialisĂ©es, et il a placĂ© la compilation de cartes et la conception d’atlas sur une base scientifique nouvelle, introduisant des Ă©chelles uniformes de cartes dans les atlas et la documentation des sources employĂ©es. Il a renforcĂ© de façon dĂ©cisive le bref Ă©lan que Melish avait donnĂ© Ă  l’essor de l’édition cartographique amĂ©ricaine et a Ă©tabli des normes que les Ă©diteurs plus tard ont prises pour acquis Â» (Michael P. Conzen).

Atlas Tanner 1844 Table des cartes

Des planches, toutes gravĂ©es, 25 sont anonymes, les autres le sont par J. & W. W. Warr (18), J. Knight (8 et le titre d’après Humphrys), Humphrys (frontispice, n° 72), E. B. Dawson (7), W. Brose (7), F. Dankworth (3), E. Gillingham, G. W. Boyton et W. Haviland.  

Le frontispice, gravé par Humphrys, représente la longueur des principaux cours d’eaux et la hauteur des principaux sommets dans le monde.

Tanner Atlas 1844

Les cartes des Ă©tats amĂ©ricains constituent un prĂ©cieux tĂ©moignage sur la constitution progressive des Etats-Unis d’AmĂ©rique, conquĂŞte civilisatrice des territoires sauvages et de leurs populations indigènes Ă  l’ombre et au nom de la croix, comme reprĂ©sentĂ© au titre lors du dĂ©barquement de Christophe Colomb. Elles prĂ©sentent un outre un plan des principales villes de l’époque (Boston, Charleston, Nashville, New Haven, Cincinnati, Nouvelle-OrlĂ©ans, Baltimore,  New-York, Philadelphie et Washington (avec le plan du Capitole), ces trois derniers pleine page ; certains Ă©tats sont reprĂ©sentĂ©s avec leurs canaux, routes, distances, etc. (tels New-York, Pennsylvanie, Virginie), la Caroline du Nord est reprĂ©sentĂ©e avec le plan de la « Gold Region Â» ; enfin, le Wisconsin et l’Iowa le sont avec les terres indiennes  (Sioux, Sauks, Iowas etc.).  A noter que le Texas est reprĂ©sentĂ© comme rĂ©publique indĂ©pendante, et non encore comme Ă©tat de l’Union.

Avec envoi au « P[rofessor] Challet VĂ©nel de la part de son très affectionnĂ© Ă©lève Nathaniel Prime Â». Jean-Jacques Challet-Venel (1811-1893), homme politique suisse, membre du Parti radical-dĂ©mocratique fut bourgeois de Genève et conseiller fĂ©dĂ©ral de 1864 Ă  1872.

Professeur de français au pensionnat Venel Ă  Champel (commune de Genève), il en devient le directeur après son mariage en 1839 avec la fille du fondateur de l’Ă©tablissement, le gĂ©ographe et cartographe Jean-François Venel (1780-1855). Cofondateur et premier prĂ©sident du Cercle national (1851) hostile Ă  James Fazy, Challet-VĂ©nel entre au Grand Conseil genevois en 1854. S’Ă©tant ralliĂ© au parti radical de Fazy, il est Ă©lu au Conseil national en 1857. Il accède l’annĂ©e suivante au Conseil d’Etat (DĂ©partement militaire, puis des finances). En 1864, il devient le premier conseiller fĂ©dĂ©ral genevois, Ă©lu après six tours de scrutin, en remplacement du Tessinois Giovan Battista Pioda, nommĂ© ministre Ă  Florence. De 1864 Ă  1867 et en 1869, il dirige le DĂ©partement des finances fĂ©dĂ©rales. Sa gestion rigoureuse et prĂ©voyante lui vaut de beaux succès ― notamment un emprunt de douze millions rĂ©alisĂ© Ă  des conditions très avantageuses ―, bien qu’il se soit toujours refusĂ©, en fĂ©dĂ©raliste sourcilleux, Ă  empiĂ©ter sur les recettes fiscales des cantons. Comme chef du DĂ©partement des postes (en 1868, puis en 1871-1872), il est Ă  l’origine de la crĂ©ation de l’Union postale universelle (1874). Sa non-réélection en dĂ©cembre 1872, au profit du conseiller national neuchâtelois Eugène Borel, est due en grande partie Ă  son opposition au projet de rĂ©vision totale de la Constitution fĂ©dĂ©rale jugĂ© trop centraliste. RentrĂ© dans son canton, il est actif dans les milieux Ă©conomiques et prĂ©side la Chambre de commerce de Genève de 1885 Ă  sa mort.

Atlas Tanner 1844 Vénel

Le pensionnat Venel fut rĂ©putĂ© ; il compta comme Ă©lève en 1834, NapolĂ©on Camerata, petit-fils d’Elisa Bonaparte, sĹ“ur de NapolĂ©on Ier, et, l’annĂ©e suivante, le prince Louis-NapolĂ©on, fils de JĂ©rĂ´me, roi de Westphalie, futur NapolĂ©on III ; Nathaniel Prime Ă©tudia probablement lui aussi dans cette institution, et adressa le fameux atlas de son pays au gendre du gĂ©ographe et cartographe rĂ©putĂ©. Il s’agit peut-ĂŞtre de Nathaniel Prime, capitaine de la marine amĂ©ricaine commandant le 17e contingent d’infanterie amĂ©ricaine, qui a reçu la reddition du cĂ©lèbre lieutenant de marine confĂ©dĂ©rĂ© Charles Read, surnommĂ© « le loup des mers de la ConfĂ©dĂ©ration Â». 

Un schĂ©ma a Ă©tĂ© tracĂ© au crayon gris au verso de la carte d’AmĂ©rique du sud (38), quelques tracĂ©s ont Ă©tĂ© discrètement surlignĂ©s sur la carte de France (47), quelques mots illisibles ont Ă©tĂ© Ă©crits au crayon au bas de la carte de l’Allemagne (50) et la tour Eiffel a Ă©tĂ© facĂ©tieusement dessinĂ©e au crayon sur la carte des montagnes les plus Ă©levĂ©es dans le monde, entre les pyramides et le mont Sainte-HĂ©lène reprĂ©sentĂ© avec la petite maison de Longwood, dernière demeure de NapolĂ©on Ier !

Mouillure aux feuillets blancs, déchirure restaurée au titre, quelques rousseurs et salissures marginales sans gravité, quelques très rares taches d’encre sans atteinte aux cartes. Bel et rare atlas.

Atlas tanner 1844

 Vendu