Voltaire. Le Poëme de Fontenoy. Rare édition tirée à 600 exemplaires par l’Imprimerie Royale, aux armes royales.

Votaire Fontenoy

 

Votaire. Fontenoy. Imprimerie royale, aux armes royales.

 

Voltaire. Le Poëme de Fontenoy. Paris, Imprimerie royale, 1745. In-4° de 28 pp. Vignette gravée en taille-douce au titre, le poème (pp. 16 à 28) dans un encadrement à la grecque. Plein veau fauve marbré de l’époque, dos à 5 nerfs orné aux petits fers dorés de fleurs de lys et de couronnes royales, pièce de titre en maroquin fauve, armes dorées sur les plats dans un filet doré d’encadrement, filet doré sur les coupes, roulette dorée sur les chasses, tranches dorées. (Du Seuil ou Padeloup ?)

Rare impression, tirée à seulement 600 exemplaires, de « ce petit monument, comme l’écrit Voltaire, que j’ay élevé à la gloire de notre monarque », aux armes royales.

Le 1er avril, Voltaire avait été nommé historiographe du roi et à l’annonce de la victoire de Fontenoy le 11 mai face aux troupes des Provinces-Unies, de la Grande-Bretagne, de Hanovre et de l’empire d’Autriche, il est « fou de joie », comme il l’écrit au marquis d’Argenson quelques jours après ; aussi publie-t-il une ébauche de ce poème, qui connut plus de 9 éditions cette année-là, à Paris et en province, souvent augmentées de vers, de notes et même d’un plan dès la troisième.

Votaire Fontenoy

A propos de notre édition, Voltaire l’annonce au comte de Tressan le 17 juin 1745 : « On va faire une septième édition à Paris, et peut-être la fera-t-on au Louvre : elle est dédiée au roi, et la bonté qu’il a d’accepter cet hommage met le sceau à l’authenticité de la pièce. » L’auteur a souhaité un tirage limité de cette luxueuse édition royale, comme l’écrit Maurepas, en juin 1745, à Anisson, directeur de l’Imprimerie royale : « Le roi a bien voulu agréer que le poëme qu’a fait M. de Voltaire sur la victoire remportée par Sa Majesté à Fontenoy soit imprimé au Louvre, et qu’il en soit seulement tiré six cents exemplaires, ainsi que M. de Voltaire l’a demandé ; comme il vous verra sans doute à ce sujet, vous voudrez bien prendre les mesures nécessaires pour cette impression. »

Voltaire consacrera à cette bataille le chapitre XV de son Précis du Siècle de Louis XV, « son importance, le danger du roi et du dauphin, l’exigeaient. Cette action décida du sort de la guerre, prépara la conquête des Pays-Bas, et servit de contrepoids à tous les évènements malheureux. Ce qui rend encore cette bataille à jamais mémorable, c’est qu’elle fut gagnée lorsque le général, affaibli et presque expirant, ne pouvait plus agir. Le maréchal de Saxe avait fait la disposition, et les officiers français remportèrent la victoire. »

La vignette au titre est une médaille à l’antique représentant Louis XV sur un quadrige couronné par une Victoire ailée.

Votaire Fontenoy

Les armes royales sont répertoriées par O.H.R. comme celles de Louis XIV qui continuèrent à être employées sous Louis XV, certaines dans une réduction « de forme un peu plus arrondie, 54 x 46 mill. [ce qui est le cas ici], qui ne se rencontre pas avant le règne de Louis XV ». Ces reliures sont fort proches de celles des exemplaires conservés respectivement à la Bibliothèque Nationale de Naples et à la National Library of the Netherlands. Sans doute confiés aux soins des relieurs royaux, Du Seuil et Padeloup, ces exemplaires étaient-ils destinés à être offerts, magnifiques livres de présent à la gloire du monarque victorieux.

Votaire Fontenoy

Ex-libris manuscrit d’une « fille Lecomte, agé de 18 anné demeurant a Mante […] ». Serait-elle parente avec Marguerite Lecomte que Maurice Quentin de La Tour peignit en 1753 ? née Josset, elle avait épousé, le 9 Septembre 1735, à 18 ans, un Procureur du Châtelet de 33 ans, Jacques Roger Lecomte, né le 27 février 1702 à Mantes-la-Jolie. Pastelliste, elle vécut une grande et longue passion avec Claude Watelet. De la bibliothèque Soldati Hubbard de Veaux, avec son ex-libris gravé.

Soldati-hubbard-de-Vaux

Bengesco, Voltaire, Bibliographie de ses œuvres, tome I, n° 611 ; O. H. R., pl. 2494, variante fer n° 2 du fer n° 10.

Le plat supérieur présente 4 petits trous de ver et un petit travail de ce dernier aux armes, sans gravité, large épidermure au plat inférieur, quelques taches aux plats, épidermures au dos, restauration aux coins at aux coiffes, quelques feuillets marginalement brunis, dont le titre. 

Bon exemplaire cependant d’une édition rare.

1 500 €