Victor Hugo. L’Horloge, poème autographe.

 

Magnifique et émouvant poème élégiaque de Hugo sur le temps et la mort

Hugo L'Horloge

Victor Hugo.  L’Horloge. 4 premières strophes autographes [sur 6], sans lieu ni date [1859]. Recto seul sur une grande bande de papier bleu filigrané (15,5 x 42 cm).              

 

Hugo. L'horloge. Poème, strophe Il’horloge                             

on sent les pointes de la bise ;

l’hiver vient. Dans la vieille église

j’écoute l’horloge marcher ;

on dirait que quelqu’un aiguise

quelque chose dans le clocher.

 

 

 

Hugo. L'Horloge. Poème, strophe IIl’horloge des heures est l’antre.

sur le cadran qu’on voit au centre

la destinée erre à pas sourds.

quand Aujourd’hui sort, Demain entre,

et contre lui pas de secours.

 

Hugo. L'Horloge. Poème, strophe IIIdans la tour que l’airain secoue

le temps se cache avec sa roue ;

sombre, il fait de tout des lambeaux ;

douze fois par jour, l’heure avoue

qu’elle travaille à nos tombeaux.

 

Hugo. L'Horloge. Poème, strophe IVtout fuit, l’aîle comme la voile ;

l’âme, l’aube, la fleur, l’étoile,

feux follets sous le firmament !

toute la vie est sous un voile,

avec des lueurs par moment.

 

[Ne vous fiez pas à l’aurore,

C’est la minute qui se dore ;

Le lys en un jour est terni ;

L’astre s’en va ; l’âme est encore

Plus en fuite dans l’infini.

 

Le temps use dans sa logette

Ce qui vit et ce qui végète ;

L’aube, l’astre, l’âme, la fleur,

Sont quatre intécelles que jette

La meule de ce rémouleur.

                    

                                           1859]

 

Mise au net autographe par Hugo de L’Horloge, poème en six strophes de cinq vers octosyllabiques, n° 62 de la copie des Chansons des rues et des bois achevée par Victoire Etasse le 1er mars 1862. Le poème, sombre et élégiaque, dénotant avec le caractère gai et gaillard des Chansons, fut l’une des quinze pièces écartées du recueil publié en 1865, peut-être réservées par Hugo pour faire partie du volume intitulé Poésies de Jean Prouvaire et chansons de Gavroche qui ne paraîtra finalement pas.

Faisant partie des Reliquats, L’Horloge est publié, sans le titre, dans les Œuvres poétiques, collection de la Pléiade, volume III, Alentours des « Chansons des rues et des bois », p. 235, avec la note suivante : « On possède seulement le manuscrit des deux dernières strophes ; une copie a permis de reconstituer le texte complet ». En effet, la fin du poème, sur le même papier bleu filigrané, avec la même graphie, se trouve dans les fonds de la Bibliothèque nationale de France, f. 62r du manuscrit 24738, « Reliquats des Chansons des rues et des bois ». Il est numérisé et librement consultable sur Gallica :  https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b60008184/f125.item.

N° 126 de la vente Charavay du 26 juin 1986. Avec certificat d’authentification établi par Michel Castaing le 17 juillet 1986.

2 petites déchirures en tête sans manque et sans atteinte au texte, petit renfort ancien à la pliure du dos. Bel état cependant.